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dimanche 24 mars 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs IV (28)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Dans son édition du dimanche 17 mars, un journal de la PQR (en français : presse quotidienne régionale), dans son édition locale du Lot-et-Garonne, publie un long article sur une école nationale basée dans le villeneuvois et qui n’est autre que l’ENAM, à savoir l’école nationale des ânes maraîchers. Bien sûr, moi qui ai tendance à lire un peu en diagonale, comme le fou du même nom, je crus que l’école nationale d’administration avait délocalisé son enseignement du Bas-Rhin vers notre département. Fort heureusement, la photo d’accompagnement fait voir un individu à quatre pattes, ce que ne sont ni nos apprentis énarques ni leurs enseignants, même si parfois leurs oreilles qui traînent partout peuvent prêter à confusion. En outre, nul âne ne sort diplômé de la première, ce qui, paraît-il, n’est pas le cas pour la seconde.
Mais foin de considérations auriculaires, parlons donc de cette école qui trouve toute sa place dans une région maraîchère comme la vallée villeneuvoise du Lot. Le journaliste, peu avare de considérations romanesques, parle carrément de retour aux sources. Je n’ai pas bien compris l’image mais un quotidien de la PQR est un quotidien de la PQR, que diable ! L’âne est donc, dans l’esprit de cette école, un outil privilégié pour la traction agricole dans les cultures de moins de 2 hectares. Et cette école est, paraît-il, unique en son genre. Elle a formé pas moins de cinquante élèves en 2018, quand je dis « élèves » je parle non pas des animaux d’élevage mais des humains qui viennent apprendre à conduire, guider et entretenir ces équins.
Mais dans l’activité de l’école, il n’y a pas que l’apprentissage de la conduite de l’animal, il y a aussi une seconde activité qui est l’éducation d’ânes destinés à la vente. Ces ânes arrivent à l’âge de 3 ans et sont éduqués pendant 6 à 12 mois. Le gros avantage de l’âne est qu’une fois qu’il a appris quelque chose, il ne l’oubliera pas. Qui de nous pourrait en dire autant ?
Je citerai encore l’article qui cite lui-même le formateur de l’ENAM, parlant de l’âne : « Petit, léger, dynamique et résistant, il est parfait pour le maraîchage, le bât (transport de charges), l’attelage de loisir, mais aussi pour créer du lien social et tondre le gazon ». Alors là, je dis ho ho ho ! J’ai personnellement pratiqué la gent asine pour avoir pris en pension une douzaine d’ânesses ainsi que leur étalon et je peux dire que pour nettoyer les prairies autant que les haies qui les entourent, l’âne est un animal parfait. Toutefois, pour prix de l’hébergement de ce petit troupeau, je devins propriétaire d’un ânon né entre mes mains et que je nommai Onésime. Ce charmant animal me plaisait bien mais je dus m’en défaire et passai une petite annonce dans les journaux avec le numéro de téléphone de mon plus proche voisin. Il y eut de nombreux appels mais régulièrement on demandait si mon âne tondait bien le gazon. Je compris vite que j’avais affaire à des habitants de lotissement qui croyaient avoir trouvé le moyen de posséder une peluche qui tonde le gazon. Et dix ou douze mois plus tard, sinon moins, j’allais voir revenir mes acquéreurs avec mon Onésime qui aurait grandi, se  serait mis à braire et aurait épuisé toute l’herbe de la pelouse de mes citadins. Mais, par la grâce du bouche à oreille, je vis arriver un paysan et son jeune fils, éleveurs de vaches et connaissant les joies comme les contraintes de l’élevage d’animaux vivants. Ils me négocièrent largement à la baisse le prix de mon animal mais leur prix fut le mien car je savais que mon Onésime serait heureux et bien soigné chez ces paysans.
On voit par-là que si vous avez du gazon, broutez-le vous-mêmes, achetez une faux ou quel qu’autre outil mais ne faites surtout pas le malheur d’un âne.

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