Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Dans son édition du dimanche 17 mars, un journal de la PQR (en
français : presse quotidienne régionale), dans son édition locale du
Lot-et-Garonne, publie un long article sur une école nationale basée dans le
villeneuvois et qui n’est autre que l’ENAM, à savoir l’école nationale des ânes
maraîchers. Bien sûr, moi qui ai tendance à lire un peu en diagonale, comme le
fou du même nom, je crus que l’école nationale d’administration avait
délocalisé son enseignement du Bas-Rhin vers notre département. Fort
heureusement, la photo d’accompagnement fait voir un individu à quatre pattes,
ce que ne sont ni nos apprentis énarques ni leurs enseignants, même si parfois
leurs oreilles qui traînent partout peuvent prêter à confusion. En outre, nul
âne ne sort diplômé de la première, ce qui, paraît-il, n’est pas le cas pour la
seconde.
Mais foin de considérations auriculaires,
parlons donc de cette école qui trouve toute sa place dans une région
maraîchère comme la vallée villeneuvoise du Lot. Le journaliste, peu avare de
considérations romanesques, parle carrément de retour aux sources. Je n’ai pas
bien compris l’image mais un quotidien de la PQR est un quotidien de la PQR,
que diable ! L’âne est donc, dans l’esprit de cette école, un outil
privilégié pour la traction agricole dans les cultures de moins de 2 hectares.
Et cette école est, paraît-il, unique en son genre. Elle a formé pas moins de
cinquante élèves en 2018, quand je dis « élèves » je parle non pas
des animaux d’élevage mais des humains qui viennent apprendre à conduire, guider
et entretenir ces équins.
Mais dans l’activité de l’école, il n’y a
pas que l’apprentissage de la conduite de l’animal, il y a aussi une seconde
activité qui est l’éducation d’ânes destinés à la vente. Ces ânes arrivent à l’âge
de 3 ans et sont éduqués pendant 6 à 12 mois. Le gros avantage de l’âne est qu’une
fois qu’il a appris quelque chose, il ne l’oubliera pas. Qui de nous pourrait
en dire autant ?
Je citerai encore l’article qui cite
lui-même le formateur de l’ENAM, parlant de l’âne : « Petit, léger,
dynamique et résistant, il est parfait pour le maraîchage, le bât (transport de
charges), l’attelage de loisir, mais aussi pour créer du lien social et tondre
le gazon ». Alors là, je dis ho ho ho ! J’ai personnellement pratiqué
la gent asine pour avoir pris en pension une douzaine d’ânesses ainsi que leur
étalon et je peux dire que pour nettoyer les prairies autant que les haies qui
les entourent, l’âne est un animal parfait. Toutefois, pour prix de l’hébergement
de ce petit troupeau, je devins propriétaire d’un ânon né entre mes mains et
que je nommai Onésime. Ce charmant animal me plaisait bien mais je dus m’en
défaire et passai une petite annonce dans les journaux avec le numéro de
téléphone de mon plus proche voisin. Il y eut de nombreux appels mais
régulièrement on demandait si mon âne tondait bien le gazon. Je compris vite
que j’avais affaire à des habitants de lotissement qui croyaient avoir trouvé
le moyen de posséder une peluche qui tonde le gazon. Et dix ou douze mois plus tard,
sinon moins, j’allais voir revenir mes acquéreurs avec mon Onésime qui aurait
grandi, se serait mis à braire et aurait
épuisé toute l’herbe de la pelouse de mes citadins. Mais, par la grâce du
bouche à oreille, je vis arriver un paysan et son jeune fils, éleveurs de
vaches et connaissant les joies comme les contraintes de l’élevage d’animaux vivants.
Ils me négocièrent largement à la baisse le prix de mon animal mais leur prix
fut le mien car je savais que mon Onésime serait heureux et bien soigné chez
ces paysans.
On voit par-là que si vous avez du gazon,
broutez-le vous-mêmes, achetez une faux ou quel qu’autre outil mais ne faites
surtout pas le malheur d’un âne.
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