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jeudi 28 mars 2019

Appelez-moi Fortunio (7)


Le premier janvier, lendemain de la veille, continuation du même jour et vice-versa, il se réveille à onze heures passées, la bonne heure pour prendre un petit déjeuner en attendant le concert du nouvel-an à Vienne. Sur France Musique, bien sûr, la télévision ne s’étant pas encore emparée de ce délicieux moment.
L’après-midi se passe, mollo mollo, de quoi digérer la fiesta de la veille et d’atterrir un peu, retrouver ses marques dans la maison et cela sans se presser, au tout petit trot.
Dix-huit heures passées, le téléphone sonne, c’est encore Mario. Il a de beaux restes, en quelque sorte, et se propose de débarquer chez Albert avec un gigantesque plateau de fromages et une miche de pain. Albert a la cargaison de juliénas ad hoc et rendez-vous est pris pour incessamment sous peu, le temps de laisser arriver Mario.
Dans le cadre de leur virile amitié, les deux gars se paient un intéressant casse-croûte et prennent encore date pour le lendemain soir pour débarquer avec foie gras et autres délicatesses chez la sœur d’Albert, le tout se faisant en avertissant l’intéressée et son homme au dernier moment. Pour la fête, d’après Mario, il n’y a pas mieux que l’effet de surprise.
Toutes les bonnes choses ayant une fin, Albert reprend peu à peu pied. Il avait des contacts à prendre pour des chantiers et le samedi arrive bientôt. Il a engrangé quelques petits chantiers à démarrer la semaine suivante. Question boulot, tout va bien mais il lui reste le vague à l’âme, le souvenir poignant de son amour perdu le prend au cœur, comme un coup de poignard.
Et voilà que, sans crier gare, vient le dimanche, un jour où d’ordinaire rien ne se passe. Pourtant il va se passer quelque chose, et c’est encore et toujours le téléphone qui sonne.
-          Bonjour, dit une voix féminine, c’est Christelle. J’avais dit que je t’appellerais…
Il va lui demander de quelle Christelle il s’agit mais se ravise.
-          Vous devez faire erreur, mademoiselle, je ne connais pas de Christelle…
-          Je n’insiste pas mais si tu as quelque chose quelque part dans la tête ou ailleurs, tu seras demain soir à 18 heures à L’As de Pique. Tu connais ce bar à Agen ?
-          Oui, c’est vers Jasmin, je crois…
-          Donc demain soir 18 heures, pour l’apéro. On verra pour après. A demain.
Elle a raccroché et Albert est perplexe. Cette Christelle, bien sûr, c’est cette nana avec laquelle il a dansé l’autre soir, ça lui revient. Du coup, il lui remonte l’impression d’avoir, comme elle le dit, quelque chose quelque part. Il ira demain dans ce bistro, comment s’appelle-t-il encore ? Ah oui, l’As de Pique !

*
(à suivre...)

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