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Une crise de délire ?
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Bonne question ! Il y a un fantôme
dans la maison ! En tout cas, c’est ce qu’il dit et il ne semble pas
délirant, là est le plus bizarre. Il dit l’avoir vu un premier soir, pas dans
la maison mais dans le parc. Il l’a vu depuis la fenêtre du salon : une
forme blanche qui virevoltait entre les arbres. Il a cru à une illusion, peut-être
les phares d’une voiture au loin, que sais-je… Mais le soir suivant, même forme
étrange. Là, il m’a avoué qu’il avait commencé à perdre les pédales mais il
s’est persuadé que son esprit lui jouait des tours à cause de la solitude après
tant d’années d’enfermement… Il est resté deux heures derrière la fenêtre, plus
rien. Il est allé se coucher et là il dit avoir nettement entendu des bruits et
comme des voix graves. Il a avalé plusieurs somnifères et il a dormi le
lendemain jusqu’à midi. Et le soir, rebelote, la forme étrange qui passe dans
le parc puis les bruits sourds et les voix. C’est là qu’il a craqué.
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Retour à l’hosto, donc ?
-
Oui. Et que dire ? Surtout éviter de
poser hâtivement un diagnostic. Et en tout cas pas d’étiquette. Ce garçon en a
trop vu, il faut qu’il s’en sorte. Donc il passe trois semaines chez nous, je
le vois chaque jour au moins une heure, nous essayons de lui faire prendre
conscience de ses peurs et au bout de ce séjour il pense être d’attaque pour
revenir chez lui. Je le verrai revenir quelques jours plus tard, il a réussi à
ne pas péter les plombs mais il me jure que la maison et le parc sont hantés.
Alors, la seule idée qui me vienne est de trouver quelqu’un qui accepte de lui
tenir compagnie. En payant, bien sûr, puisque Daniel en a les moyens. En
faisant marcher le bouche à oreille, on finit par trouver un retraité qui veut
bien assurer une présence pendant quelque temps. Donc, ce gars reste dans le
château de 20 heures à une heure du matin, après quoi, il rentre chez lui. Si
nécessaire, il accepterait de veiller plus longtemps. Un mois s’écoule, tout se
passe bien. Le retraité dit à Daniel qu’il devra s’absenter pendant deux nuits
et Daniel accepte facilement de rester seul. Le premier soir, malgré quelques
appréhensions, tout est calme. Mais le deuxième soir, patatras, ça
recommence ! Et Daniel re débarque chez nous. Là, je commence à trouver la
chose bizarre. D’une part, si Daniel revient en psychiatrie, ce n’est pas de gaîté
de cœur. D’autre part, un mois d’une présence tierce, il ne se passe rien et
les esprits commenceraient à se manifester dès que Daniel est seul. Pourquoi
pas, évidemment, les esprits sont les esprits mais je demande à comprendre…
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Femme de peu de foi !
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Ouais, garde tes citations calotines et
laisse-moi continuer. Cela dit, café, liqueur ?
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Un expresso et une Izarra verte pour la
digestion. Peut-être un peu d’ail pour éloigner les vampires.
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Moi aussi un café et l’addition s’il vous
plaît.
Le garçon reparti,
Christelle reprend son souffle :
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J’ai contacté le retraité, ne serait-ce
que pour lui faire connaître la situation. Puis, en discutant un peu, j’ai
compris une chose : dans le village, tout le monde est au courant des
faits et gestes de Daniel. Pour ses déplacements, il a juste une vieille
mobylette qu’il laisse toujours au pied du perron. Sauf lors de ses séjours en
HP. Donc, il n’est pas compliqué pour quiconque de savoir si Daniel est là. Et,
s’il y a une voiture garée à l’entrée, c’est qu’il y a un tiers puisque Daniel
n’a pas le permis. Et notre retraité en question a une voiture, qu’il gare à l’entrée.
Donc, je me dis qu’il pourrait y avoir une embrouille et qu’il faudrait tirer
cela au clair. Tu as bien raison, je ne crois pas aux fantômes et je suis peut-être
une épouvantable cartésienne mais…
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Epouvantable, disons que le mot est un peu
fort, se marre Albert.
(à suivre...)
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