Auditrices et auditeurs
qui m’écoutez, bonjour. Cette semaine, je vous parle d’un livre
autobiographique intitulé « Un paysan à l’Assemblée nationale » écrit
par Marcel Garrouste et publié en 2018 à Monsempron-Libos par les éditions
P.H.P., Pays, Histoire et Patrimoines. Marcel Garrouste fut député socialiste
de la circonscription de Villeneuve-sur-Lot de 1978 à 1986 et de 1988 à 1993.Il
fut aussi, entre autres, maire de Penne d’Agenais. Né en 1921, il est toujours
présent et continue à dédicacer son livre. En 1978, j’habitais dans la
circonscription électorale où il se présentait et participai à sa campagne
électorale.
Ce livre, il le dit bien,
est un témoignage. Il parle de son enfance dans une famille de paysans, à
Trémons, et il décrit la vie quotidienne avec les usages, le travail et les
relations sociales. Ensuite il décrit une carrière remarquable, depuis la
petite ferme familiale et l’école qu’il quitte à onze ans jusqu’au siège de
député à l’Assemblée nationale. Parcours dont on suit la gradation : le
travail de paysan, la guerre au sortir de laquelle il devient secrétaire de
mairie, le désir d’apprendre qui fait qu’il se rapproche d’une institutrice
qu’il épousera, l’évolution professionnelle en tant que directeur de la maison
de retraite de Penne, l’engagement politique d’abord dans sa commune, dans son
canton puis dans le département et toujours cette impérieuse nécessité
d’apprendre et de connaître pour celui qui avait surtout appris l’orthographe
et le calcul jusqu’au CEP. Chemin semé d’embûches pour ce député socialiste
dont l’élection en 78 annonçait la future victoire du programme commun.
J’ai remarqué dans ce
livre, moi qui étais présent à la réunion électorale de Beauville en 1978, que
le député semble avoir oublié notre canton quand il parle de sa campagne. Il
est vrai que Beauville (arrondissement d’Agen mais circonscription électorale
de Villeneuve-sur-Lot) était le plus petit canton du département. Comme le
disaient les romains, de minimis non
curat praetor… Toutefois, notre petite salle était comble d’un public
plutôt acquis au candidat.
Cette lecture, pour prenante
qu’elle soit, m’a laissé une impression de tristesse, celle des espérances
déçues après 1981, en tout cas pour le paysan que j’étais. Bien sûr, la 5ème
semaine de congés payés, les lois Auroux, le remboursement de l’IVG, le RMI et
l’abolition de la peine de mort ne sont pas à passer sous silence mais il me
semble que tout cela –réformes sociales ou sociétales- a accompagné la
continuation de l’exode rural, l’emprise des zones commerciales et des
lotissements sur les meilleures terres agricoles, la paupérisation des petites
exploitations, l’intensification du productivisme et l’utilisation des
pesticides. Quant à la retraite à 60 ans, c’était bien mais vu le niveau des
retraites agricoles encore aujourd’hui, que dire ? En réalité, si tous les
paysans étaient eux aussi devenus fonctionnaires, ils auraient de bonnes
retraites mais qui les payerait ? Et la dernière phrase du livre
est : « Je n’ose imaginer le monde dans lequel vivront mes arrières
petits-enfants. » Pourtant, c’est bien ce que parfois on demande à nos
élus, d’oser imaginer…
Mais pour revenir au
livre, c’est bien le livre d’un honnête
homme, au sens ancien du terme, un humaniste qui, avec une vraie modestie,
parle du travail à la ferme, puis de son travail de fonctionnaire, des luttes
politiques avec ce qu’elles comportent de pièges et de trahisons et de tout ce
qui fut sa vie. Il a écrit ce livre principalement pour ses filles et ses
petits-enfants mais c’est un ouvrage qui méritait bien d’être publié et
diffusé. Je pense, personnellement, que ce livre devrait être lu par les
électeurs de notre circonscription, c’est aussi leur histoire. A tout le moins,
il devrait figurer dans chacune de nos mairies.
On voit par-là que vous
pourrez trouver mon exemplaire à la mairie.
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