-
Je continue. Pas question de demander au
retraité de venir au château à pied et de faire la planque à l’insu de Daniel,
je ne le connais pas assez. C’est un bonhomme sympa mais, si je peux dire,
jusqu’à un certain point. Il connait trop de monde dans le village et il
risquerait d’ébruiter mes recherches…
-
Vos recherches, inspecteur
Christelle ?
-
Donne-moi au moins du commissaire. Oui, je
dis bien mes recherches car soit Daniel a des hallucinations, visuelles et
auditives, soit il n’en n’a pas. Et s’il n’en n’a pas soit il y a une
embrouille –j’aime bien le mot ! – soit, je veux bien admettre qu’il peut
y avoir un phénomène paranormal.
-
Alors, madame Sherlock, je me permettrais
de rectifier : je dirais en premier lieu qu’il faut voir s’il y a
embrouille ou non car, dans la négative, soit il hallucine soit il y a
phénomène paranormal. Il faut voir les choses dans cet ordre…
-
Elémentaire mon cher Watson et vous feriez
un excellent enquêteur ! C’est bien là que je compte vous voir intervenir
car, outre vos qualités intrinsèques, vous avez l’avantage, enfin je le
suppose, d’être inconnu dans la région. Me trompé-je ?
-
Je commence à comprendre pourquoi ce si
bon repas dans ce si beau restaurant ! Je crois bien que je me suis fait
piéger mais il paraît que je suis du genre à sortir sans parapluie quand il
commence à pleuvoir des avanies…
-
Je vois que le Lalande de Pomerol a un
effet bénéfique sur ton caractère et donc je continue. Tu es tout désigné pour
enquêter sur cette affaire de la manière suivante : tu viens à l’hôpital
psy et je te présente à Daniel Rambaud. Il faut qu’il te connaisse. Mais, bien
sûr, tu entreras dans les lieux, le château je veux dire, seul et avant son
arrivée. Tu y entreras incognito donc au petit matin, tu arriveras à pied. Pas
de véhicule, pas de lumière allumée, rien. Tu dois te démerder en toute
discrétion. Daniel arrivera en début d’après-midi, vous vous rencontrerez
rapidement dans l’arrière salle mais tu resteras dans l’ombre. Il vivra
normalement, comme si tu n’étais pas là. Et toi, ce sera sandwiches et lecture.
Tu vas forcément t’emmerder mais, et il faut le dire, tu seras très
correctement rémunéré. Pas payé à rien foutre, écoute-moi ! Je te demande
une attention de tous les instants, que rien ne t’échappe, autant dans ce qui
va se passer que dans l’attitude de Daniel. Je ne veux pas exclure qu’il ait
des hallucinations mais, paranormal ou non, il faut savoir. En fait, il en va
de la liberté de Daniel car il est maintenant libre d’aller et venir mais il ne
faudrait pas grand-chose pour qu’il soit à nouveau interné…
-
Mais, si j’ai bien compris, non seulement
il a été blanchi pénalement mais encore, si je peux ainsi dire, dé-diagnostiqué
fou.
-
Oui et il y aura toujours de bonnes âmes
pour alléguer que, tout compte fait, il n’y a pas de fumée sans feu, pour dire
que, certes, certes, la justice et les experts sont revenus sur leurs pas, mais
tout de même… Il n’y a pas plus pervers que les institutions existantes et les
bourgeois qui les dirigent…
-
T’en es bien un peu une aussi, toi, de
bourgeoise…
-
Tu n’as pas tort mais je me soigne en
invitant mon amant au restau. Qu’en penses-tu ?
-
Que tu peux continuer à te soigner.
Dis-moi : Daniel Rambaud, c’est de la famille des transports Rambaud de
Villeneuve de Sciérac ?
-
Augustin Rambaud était son père,
l’entreprise porte toujours le nom mais a été vendue.
-
Ah ! Et l’artiche ?
-
La quoi ?
-
Le pognon, il est passé où ?
(à suivre...)
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