En vedette !

jeudi 3 octobre 2019

Appelez-moi Fortunio (34)


-          Je continue. Pas question de demander au retraité de venir au château à pied et de faire la planque à l’insu de Daniel, je ne le connais pas assez. C’est un bonhomme sympa mais, si je peux dire, jusqu’à un certain point. Il connait trop de monde dans le village et il risquerait d’ébruiter mes recherches…
-          Vos recherches, inspecteur Christelle ?
-          Donne-moi au moins du commissaire. Oui, je dis bien mes recherches car soit Daniel a des hallucinations, visuelles et auditives, soit il n’en n’a pas. Et s’il n’en n’a pas soit il y a une embrouille –j’aime bien le mot ! – soit, je veux bien admettre qu’il peut y avoir un phénomène paranormal.
-          Alors, madame Sherlock, je me permettrais de rectifier : je dirais en premier lieu qu’il faut voir s’il y a embrouille ou non car, dans la négative, soit il hallucine soit il y a phénomène paranormal. Il faut voir les choses dans cet ordre…
-          Elémentaire mon cher Watson et vous feriez un excellent enquêteur ! C’est bien là que je compte vous voir intervenir car, outre vos qualités intrinsèques, vous avez l’avantage, enfin je le suppose, d’être inconnu dans la région. Me trompé-je ?
-          Je commence à comprendre pourquoi ce si bon repas dans ce si beau restaurant ! Je crois bien que je me suis fait piéger mais il paraît que je suis du genre à sortir sans parapluie quand il commence à pleuvoir des avanies…
-          Je vois que le Lalande de Pomerol a un effet bénéfique sur ton caractère et donc je continue. Tu es tout désigné pour enquêter sur cette affaire de la manière suivante : tu viens à l’hôpital psy et je te présente à Daniel Rambaud. Il faut qu’il te connaisse. Mais, bien sûr, tu entreras dans les lieux, le château je veux dire, seul et avant son arrivée. Tu y entreras incognito donc au petit matin, tu arriveras à pied. Pas de véhicule, pas de lumière allumée, rien. Tu dois te démerder en toute discrétion. Daniel arrivera en début d’après-midi, vous vous rencontrerez rapidement dans l’arrière salle mais tu resteras dans l’ombre. Il vivra normalement, comme si tu n’étais pas là. Et toi, ce sera sandwiches et lecture. Tu vas forcément t’emmerder mais, et il faut le dire, tu seras très correctement rémunéré. Pas payé à rien foutre, écoute-moi ! Je te demande une attention de tous les instants, que rien ne t’échappe, autant dans ce qui va se passer que dans l’attitude de Daniel. Je ne veux pas exclure qu’il ait des hallucinations mais, paranormal ou non, il faut savoir. En fait, il en va de la liberté de Daniel car il est maintenant libre d’aller et venir mais il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il soit à nouveau interné…
-          Mais, si j’ai bien compris, non seulement il a été blanchi pénalement mais encore, si je peux ainsi dire, dé-diagnostiqué fou.
-          Oui et il y aura toujours de bonnes âmes pour alléguer que, tout compte fait, il n’y a pas de fumée sans feu, pour dire que, certes, certes, la justice et les experts sont revenus sur leurs pas, mais tout de même… Il n’y a pas plus pervers que les institutions existantes et les bourgeois qui les dirigent…
-          T’en es bien un peu une aussi, toi, de bourgeoise…
-          Tu n’as pas tort mais je me soigne en invitant mon amant au restau. Qu’en penses-tu ?
-          Que tu peux continuer à te soigner. Dis-moi : Daniel Rambaud, c’est de la famille des transports Rambaud de Villeneuve de Sciérac ?
-          Augustin Rambaud était son père, l’entreprise porte toujours le nom mais a été vendue.
-          Ah ! Et l’artiche ?
-          La quoi ?
-          Le pognon, il est passé où ?
(à suivre...)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire