En vedette !

jeudi 10 octobre 2019

Appelez-moi Fortunio (35)


-          Bonne question. Le couple d’infâmes a bien essayé d’en soutirer au vieux mais ils n’ont pas eu le temps de mettre sa fortune en pièces. Heureusement, il en reste et le vieux a bien fait les choses, testament en la faveur de Daniel et même des papiers qui attestent de détournements de fonds de la part des deux salopards ainsi que les preuves de l’innocence de Daniel. Toutefois…
-          Car il y a un toutefois ?
-          Toutefois et néanmoins, les diaboliques prétendent que le vieux n’avait plus toute sa tête lorsqu’il a fait le testament, enfin… son dernier testament ! Car ils seraient en possession d’un testament antérieur, en leur faveur bien sûr, avec des soi-disant reconnaissances de dettes et autres… Donc on est reparti pour un tour de carrousel mais Daniel est bien en possession de son héritage et, actuellement, il en fait ce qu’il veut même si l’abject couple demande la mise sous séquestre de l’héritage. Donc, tu vois, cette histoire de fantôme, ou de revenant, ou d’hallucination, on appellera cela comme on voudra mais cela n’arrange pas les affaires de Daniel qui, une fois dedans une fois dehors, a du mal à suivre le dossier. Alors qu’il en a totalement les capacités. Donc, c’est là que je compte sur toi…
-          Une question, quand même : ton rôle, jusqu’ici, ne devrait-il pas être strictement celui du psychiatre ?
-          Encore une bonne question à laquelle je ne peux faire qu’une mauvaise réponse : quand, face à des pourris et face aux défaillances de notre société, il ne reste plus que l’engagement : au risque de prendre des coups de bâton, je m’engage…
-          Oui, mais jusqu’à un certain point puisque je commence à voir que tu veux me refiler le bébé !
-          C’est vrai mais je pense en termes d’efficacité : j’ai un mari, des enfants, des horaires. Et je ne peux pas tout faire toute seule, sans compter que les fantômes ne sont pas de mon ressort…
-          Mais du mien, peut-être ? Quoiqu’il en soit, continuons, j’adore l’idée que nous allons travailler ensemble !
-           Mmmh ! Admettons car je ne te laisse pas le choix. Nous ne pouvons pas nous éterniser ici, malgré le standing du restaurant. Sortons, il fait beau et nous pourrions marcher un peu…
-          Je propose d’aller garer la voiture vers Jasmin et de faire un tour sur la passerelle, propose Albert.
-          Excellent. La Garonne, la nuit, les poissonss, les iles, on y va !
Le temps est lourd et l’atmosphère pesante mais, sur la passerelle il souffle une brise légère et parfumée qui remonte le fleuve. En journée, prendre la passerelle qui relie Agen au Passage d’Agen en surplombant la Garonne, c’est déjà se payer un splendide spectacle. Mais à plus de onze heures le soir, le décor est obscur et la Garonne scintille entre les berges qui palpitent. Ils sont seuls au-dessus du flot sombre, un léger balancement berce leur pas et ils se penchent vers l’amont du fleuve. Ils s’embrassent, s’enlacent et Albert entraîne sa cavalière dans une souple volte.
(à suivre...)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire