-
Bonne question. Le couple d’infâmes a bien
essayé d’en soutirer au vieux mais ils n’ont pas eu le temps de mettre sa
fortune en pièces. Heureusement, il en reste et le vieux a bien fait les
choses, testament en la faveur de Daniel et même des papiers qui attestent de
détournements de fonds de la part des deux salopards ainsi que les preuves de
l’innocence de Daniel. Toutefois…
-
Car il y a un toutefois ?
-
Toutefois et néanmoins, les diaboliques
prétendent que le vieux n’avait plus toute sa tête lorsqu’il a fait le
testament, enfin… son dernier testament ! Car ils seraient en possession
d’un testament antérieur, en leur faveur bien sûr, avec des soi-disant
reconnaissances de dettes et autres… Donc on est reparti pour un tour de
carrousel mais Daniel est bien en possession de son héritage et, actuellement,
il en fait ce qu’il veut même si l’abject couple demande la mise sous séquestre
de l’héritage. Donc, tu vois, cette histoire de fantôme, ou de revenant, ou
d’hallucination, on appellera cela comme on voudra mais cela n’arrange pas les
affaires de Daniel qui, une fois dedans une fois dehors, a du mal à suivre le
dossier. Alors qu’il en a totalement les capacités. Donc, c’est là que je
compte sur toi…
-
Une question, quand même : ton rôle,
jusqu’ici, ne devrait-il pas être strictement celui du psychiatre ?
-
Encore une bonne question à laquelle je ne
peux faire qu’une mauvaise réponse : quand, face à des pourris et face aux
défaillances de notre société, il ne reste plus que l’engagement : au
risque de prendre des coups de bâton, je m’engage…
-
Oui, mais jusqu’à un certain point puisque
je commence à voir que tu veux me refiler le bébé !
-
C’est vrai mais je pense en termes
d’efficacité : j’ai un mari, des enfants, des horaires. Et je ne peux pas
tout faire toute seule, sans compter que les fantômes ne sont pas de mon
ressort…
-
Mais du mien, peut-être ? Quoiqu’il
en soit, continuons, j’adore l’idée que nous allons travailler ensemble !
-
Mmmh !
Admettons car je ne te laisse pas le choix. Nous ne pouvons pas nous éterniser
ici, malgré le standing du restaurant. Sortons, il fait beau et nous pourrions
marcher un peu…
-
Je propose d’aller garer la voiture vers
Jasmin et de faire un tour sur la passerelle, propose Albert.
-
Excellent. La Garonne, la nuit, les
poissonss, les iles, on y va !
Le temps est lourd et
l’atmosphère pesante mais, sur la passerelle il souffle une brise légère et
parfumée qui remonte le fleuve. En journée, prendre la passerelle qui relie
Agen au Passage d’Agen en surplombant la Garonne, c’est déjà se payer un
splendide spectacle. Mais à plus de onze heures le soir, le décor est obscur et
la Garonne scintille entre les berges qui palpitent. Ils sont seuls au-dessus
du flot sombre, un léger balancement berce leur pas et ils se penchent vers
l’amont du fleuve. Ils s’embrassent, s’enlacent et Albert entraîne sa cavalière
dans une souple volte.
(à suivre...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire