Auditrices et auditeurs
qui m’écoutez, bonjour. « Un p'tit train s'en va dans la campagne /Un
p'tit train s'en va de bon matin /On le voit filer vers la montagne /Tchi tchi
fou tchi tchi fou /Plein d'entrain... /Dans les prés, il y a toujours des
vaches /Etonnées de voir encore passer / Ce p'tit train qui lâche des panaches /Tchi
tchi fou tchi tchi fou /De fumée... /La garde-barrière agite son drapeau rouge /Pour
dire bon voyage au vieux mécanicien /Mais dans les wagons nuls voyageurs ne
bougent /Car ils prennent tous le car et le train ne sert à rien... »
Cette chanson, de l’auteur-compositeur Marc
Fontenoy et interprétée par André Claveau en 1952, illustre bien ce dont je
veux vous parler aujourd’hui, je vais vous parler de la ligne Agen – Périgueux
qui est bien en péril actuellement. La ligne est toujours en service et c’est
une merveille de pouvoir prendre le train à Agen, cet omnibus qui traverse des
paysages de prés et de bois en remontant par la charmante vallée de la Lémance
et celle, encore plus pittoresque, de la Vézère, tout cela en passant par des
tunnels et des viaducs datant des années 1850 et qui maintenant font bien
partie du paysage. Partant d’Agen, vous découvrirez les petites gares de
Pont-du-Casse, Laroque-Timbaut et Penne d’Agenais. Puis, le Lot franchi,
Trentels-Ladignac, Monsempron-Libos, Sauveterre la Lémance, Villefranche de
Périgord, Siorac en Périgord, Le Bugue, Le Buisson, Belvès, Les Eyzies avant
d’arriver à Niversac et enfin Périgueux. Et peut-être en oublié-je ! En un
tel trajet, vous aurez vécu plus qu’en dix-mille kilomètres de TGV, vous serez
retournés dans l’histoire autant que la géographie.
Quand pour la première fois j’ai pris ce train, en
1965, cette ligne était la ligne directe Agen-Paris et on pouvait monter dans
un wagon-couchettes le soir pour arriver le lendemain matin à Paris, moyennant
quelques péripéties bien sûr, les arrêts en gare de Périgueux et de
Limoges-Bénédictins où les cheminots, en pleine nuit, accrochaient des wagons
venus de tout le sud-ouest. Le lendemain matin, vous arriviez à Paris avec bien
souvent une demi-heure de retard mais vous aviez eu l’occasion, entre les
Aubrais et Paris, de faire une causette avec le contrôleur, un rapatrié qui
vous parlait de là-bas et vous faisait encore voyager. Et on n’avait pas vu le
temps passer en arrivant à la gare d’Austerlitz.
Cette ligne ferroviaire
est un petit bijou que les technocrates du transport aimeraient bien faire
disparaître au profit des grandes infrastructures mais il s’agit vraiment d’un
transport de proximité, dans bien des villages desservis la gare est joignable
à pied, le parking y est libre et gratuit et surtout il y a encore des guichets
avec de vrais préposés qui vous renseignent parfois mieux que l’internet sur
l’incroyable maquis des tarifs imaginés par ces mêmes technocrates. La chanson
le dit bien : le petit train ne servira plus à rien si les voyageurs ne
l’utilisent pas et il faut qu’ils l’utilisent, même si la SNCF tente de tout
faire pour les en détourner.
Et puis, il n’y a pas que
le voyage car vous pouvez monter dans ce train avec votre vélo et faire du
tourisme dans ce Périgord de bois, de forêts, de champignons et de grottes.
Laissez donc votre voiture au garage pour aller respirer l’odeur des noix et
des châtaignes à Siorac ou à Villefranche et pour visiter les musées de la préhistoire
du Périgord.
On voit par-là qu’au
train où vont les choses, la voie sera libre.
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