Auditrices et auditeurs
qui m’écoutez, bonjour. J’ai toujours plaisir à vous parler d’œuvres qui ont
été réalisées ou écrites par des ressortissants de notre région, qu’ils soient
ou non nos contemporains. Mais pour avoir souvent évoqué des auteurs du temps
jadis, je suis heureux de pouvoir aussi de temps à autre convoquer dans mes
chroniques des artistes bien vivants. Ce sera le cas aujourd’hui, je vous
raconterai ma lecture d’un roman policier dont l’action se situe principalement
à Agen et accessoirement du côté de Marmande, région chère au cœur de mon ami
Fortunio tant en raison de l’aimable vin du terroir de Cocumont que pour les
champs de tomates au milieu desquels il a planté sa maison. L’auteur du roman
se nomme Dominique Bousquet et le titre en est « Vulnérables »,
adjectif pluriel.
Comme le dit la quatrième
de couverture : « Si vivre à Agen est à la portée de tout le monde, y
finir d’aussi étranges façons a de quoi titiller le commun des mortels ».
En effet, mourir à Agen sans qu’un seul pruneau soit tiré montre que le destin
est parfois capricieux. Et de plus, mourir dans un polar où il n’y a pas d’assassin
a de quoi renverser notre idée de la littérature policière.
Mais sommes-nous dans un
roman policier, réellement ? Bien sûr, il y a des morts ; bien sûr il
y a un capitaine de police et même en (pe)deus
ex machina un commissaire principal. Il y a aussi un jeune policier et un
stagiaire ; bien sûr il y a un médecin-légiste primesautier et un
chirurgien alcoolique. Mais tous ces ingrédients ne sont que le stratagème
utilisé par l’auteur pour nous faire avancer dans la brume par un soir d’hiver
sans lune. Et donc pour nous faire trébucher en espèces sonnantes dans des
dialogues lacaniens obscurs, abstrus et abscons pour le plus grand plaisir du
coach qui tire les ficelles en coulisses. Et en dépit du psychédélique
consultant soupçonné puis relâché.
Et dans toute cette
galerie, il y a l’insaisissable Angie qui fait hurler de silence les nerfs du
capitaine et qui comme un savon mouillé échappe à toute préhension du début à
la fin ainsi
que le transparent Méliès, magicien que
nul ne capturera sauf à se rendre lui-même. Puis le messager funèbre, Hermès
aux semelles ailées.
En toile de fond, Agen
avec le Pont-Canal qui enjambe puissamment la Garonne, magnifique ouvrage d’art
si prisé des promeneurs ; Agen avec le marché parking, institution du
centre de la ville dont la hauteur crée les clairs obscurs propices aux heures
douteuses ; Agen avec sa passerelle Gauja qui survole la voie ferrée et
survolte les addictions mortifères : Agen avec son coteau de
l’Ermitage et ses grottes sépulcrales et
plaintives.
En musique d’ambiance,
les étonnants tours de passe-passe de l’auteur qui distille une philosophie aux
détours étonnants.
Alors que reprocher à
l’auteur ? Ah oui, il y a une chose que le paysan que je fus ne peut pas
laisser passer sans tressaillir, c’est, page 15, l’expression « moche
comme un cul de vache ». Ah, je comprends que l’auteur n’a pas fréquenté
le marché aux bestiaux, le mercredi, au Gravier ! S’il avait entendu les
éleveurs s’extasier à la vue de croupes et de culards, il saurait qu’un
derrière de bovin peut se voir comme une œuvre d’art. Eugène Boudin ne s’y
était pas trompé, lui ! Un vrai normand, celui-là et pas un prince de
l‘Agenais !
Cela étant dit, je vous
engage à lire ce livre publié aux Editions Mon Petit Editeur.
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