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dimanche 15 septembre 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs V (2)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. J’ai toujours plaisir à vous parler d’œuvres qui ont été réalisées ou écrites par des ressortissants de notre région, qu’ils soient ou non nos contemporains. Mais pour avoir souvent évoqué des auteurs du temps jadis, je suis heureux de pouvoir aussi de temps à autre convoquer dans mes chroniques des artistes bien vivants. Ce sera le cas aujourd’hui, je vous raconterai ma lecture d’un roman policier dont l’action se situe principalement à Agen et accessoirement du côté de Marmande, région chère au cœur de mon ami Fortunio tant en raison de l’aimable vin du terroir de Cocumont que pour les champs de tomates au milieu desquels il a planté sa maison. L’auteur du roman se nomme Dominique Bousquet et le titre en est « Vulnérables », adjectif pluriel.
Comme le dit la quatrième de couverture : « Si vivre à Agen est à la portée de tout le monde, y finir d’aussi étranges façons a de quoi titiller le commun des mortels ». En effet, mourir à Agen sans qu’un seul pruneau soit tiré montre que le destin est parfois capricieux. Et de plus, mourir dans un polar où il n’y a pas d’assassin a de quoi renverser notre idée de la littérature policière.
Mais sommes-nous dans un roman policier, réellement ? Bien sûr, il y a des morts ; bien sûr il y a un capitaine de police et même en (pe)deus ex machina un commissaire principal. Il y a aussi un jeune policier et un stagiaire ; bien sûr il y a un médecin-légiste primesautier et un chirurgien alcoolique. Mais tous ces ingrédients ne sont que le stratagème utilisé par l’auteur pour nous faire avancer dans la brume par un soir d’hiver sans lune. Et donc pour nous faire trébucher en espèces sonnantes dans des dialogues lacaniens obscurs, abstrus et abscons pour le plus grand plaisir du coach qui tire les ficelles en coulisses. Et en dépit du psychédélique consultant soupçonné puis relâché.
Et dans toute cette galerie, il y a l’insaisissable Angie qui fait hurler de silence les nerfs du capitaine et qui comme un savon mouillé échappe à toute préhension du début à la fin ainsi que  le transparent Méliès, magicien que nul ne capturera sauf à se rendre lui-même. Puis le messager funèbre, Hermès aux semelles ailées.
En toile de fond, Agen avec le Pont-Canal qui enjambe puissamment la Garonne, magnifique ouvrage d’art si prisé des promeneurs ; Agen avec le marché parking, institution du centre de la ville dont la hauteur crée les clairs obscurs propices aux heures douteuses ; Agen avec sa passerelle Gauja qui survole la voie ferrée et survolte les addictions mortifères : Agen avec son coteau de l’Ermitage  et ses grottes sépulcrales et plaintives.
En musique d’ambiance, les étonnants tours de passe-passe de l’auteur qui distille une philosophie aux détours étonnants.
Alors que reprocher à l’auteur ? Ah oui, il y a une chose que le paysan que je fus ne peut pas laisser passer sans tressaillir, c’est, page 15, l’expression « moche comme un cul de vache ». Ah, je comprends que l’auteur n’a pas fréquenté le marché aux bestiaux, le mercredi, au Gravier ! S’il avait entendu les éleveurs s’extasier à la vue de croupes et de culards, il saurait qu’un derrière de bovin peut se voir comme une œuvre d’art. Eugène Boudin ne s’y était pas trompé, lui ! Un vrai normand, celui-là et pas un prince de l‘Agenais !
Cela étant dit, je vous engage à lire ce livre publié aux Editions Mon Petit Editeur.

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