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dimanche 10 novembre 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs V (10)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. L’Aquitaine est une vaste région surtout depuis qu’elle a été augmentée par la dernière réforme. Je m’en voudrais de trop me disperser dans cette vaste étendue et je reconnais que, depuis quelque temps, mis à part un petit tour vers les Pyrénées et le Pic du Midi, j’ai plutôt visité le nord de notre région telle qu’avant la réforme. Et je vais cette fois encore parler de la Dordogne et d’un de ses écrivains un peu oublié de nos jours.
Je vous parlerai aujourd’hui des « Mémoires d’un cancre », un livre de Jean-Charles, natif de Sainte-Aulaye dans la région de la Double et le département de la Dordogne. Jean-Charles était bien connu, lorsque j’étais gamin, comme l’auteur de « La foire aux cancres », « Les perles du facteur » et « Le rire en herbe ». Ce livre avait réjoui mes parents et mes aînés au début des années soixante mais ils avaient soigneusement évité de le mettre entre mes mains, la cancrerie aurait pu être contagieuse !
A la lecture du livre, on se rend bien compte que Jean-Charles n’était ni un fort en thème ni un vrai cancre et s’il a donné ce titre à ses mémoires c’est parce qu’il était devenu célèbre avec sa foire aux cancres. Mémoires qui s’arrêtent en 1940, au moment où il obtient son bachot et que les allemands envahissent la France. Faux cancre et élève moyen, allant ramasser son bac comme on cueille les pommes en fin de saison, il n’en fallait pas plus pour que je m’intéresse à l’enfance de ce personnage car mon cursus scolaire semblait si bien s’apparenter au sien. Disons que j’ai poursuivi des études en ayant grand soin de leur laisser toujours un peu d'avance, de peur de les rattraper. Et c’est par le hasard des aimables boites aux livres qui ont poussé dans nos communes que je suis tombé sur ce livre bien défraichi, ce qui prouve qu’il avait déjà fait de l’usage.
Ce n’est pas tant la scolarité de l’auteur qui m’a intéressé mais c'est surtout la description de la vie dans son village de Sainte-Aulaye dans la région de la Double, à l'ouest de la Dordogne (dépt) et en bordure de l'Isle qu'il m'a le plus régalé. Sa famille, une famille enracinée dans le terroir de la France (à l'époque où Paris était encore la plus grande ville de province) et surtout dans ce Périgord dont il parle avec une saveur telle qu'on sent le fumet des chaudrons et la pousse des champignons entre les pages. Jamais je ne me suis ennuyé dans cette lecture car l'humour est toujours présent, léger comme la pointe d'ail dans le gigot.
Ce bain de fraicheur forestière m'a réjoui et j'ai pensé que je pouvais partager mon plaisir avec vous. On découvre une famille peu conformiste vivant dans des fermes puis un château pour finir par partir à Talence dans la banlieue de Bordeaux où Jean-Charles finira ses études. Une famille où il y a la passion de la lecture, des grands textes aux plus simples journaux pour enfants. Jean-Charles épousera Jehanne d’Eaubonne, romancière elle aussi et dont il dit : « (…) en grandissant, j’appréciai l’art du reportage chez mes chères cousines. Une simple journée au bord de la mer leur permettait de me rapporter des coquillages, mais aussi quantité d’anecdotes, car elles faisaient partie des privilégiés qui ont le sens du pittoresque. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. L’art de raconter, je l’ai retrouvé chez les quatre sœurs d’Eaubonne et plus particulièrement chez Jehanne. Il est rare et la faute en est aux enseignants qui, à part quelques exceptions, n’ont pas fait grand-chose pour développer ce que l’on appelle l’expression orale ».
On voit par-là qu’il y a des perles dans les coquillages.

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