Aidé par le Muscadet et
la lecture de quelques journaux de la presse régionale qui traînaient sur la
table, il est plus qu’à moitié assoupi lorsqu’il entend arriver une voiture. Il
se lève rapidement et va guetter derrière les rideaux de l’entrée. C’est un
véhicule orné de la croix de vie bleue des ambulances. Daniel en descend, récupère
un gros sac de voyage et salue le chauffeur qui démarre aussitôt. Il monte
tranquillement le perron, ouvre la porte d’entrée avec sa clé et entre comme
s’il n’y avait personne. Albert, réfugié dans la cuisine, lui fait signe et,
sans un mot, Daniel le rejoint et ferme la porte derrière lui.
-
Salut, Daniel ! Alors, on fait
comment maintenant ? Dit Albert.
-
On boit un coup et puis on s’installe dans
le bureau. Les volets sont fermés mais le haut est à clairevoie. On ne peut pas
nous voir de l’extérieur et c’est la seule pièce qui ait des double vitrages,
on ne peut pas nous entendre, répond Daniel.
-
Ah oui, le bureau… on dirait un cabinet de
curiosités !
-
Tu es allé voir ? Tu as raison, c’est
vraiment un cabinet de curiosités, comme tu le dis. Je te raconterai, si cela
t’intéresse…
-
D’accord mais fais d’abord comme chez
toi ! Que veux-tu boire ? Je t’ai laissé du Muscadet, il est au
frigo.
-
Pas d’alcool, merci. J’ai vraiment perdu
le goût de l’alcool en taule, moi c’est coca…
-
Normal, si t’es en tôle, le coca ça
dérouille…
-
N’insiste pas, prend ce qu’il te plaît et
allons-nous asseoir dans le bureau.
Estimant que son taux de
vin blanc est suffisant, Albert se fait réchauffer un café à la campagnarde,
dans un poêlon. Puis, ils s’installent dans les fauteuils du bureau.
-
On va devoir vivre tous les deux un peu
cloîtrés, toi en tout cas, commence Daniel. Il ne faut pas qu’on te voie,
d’après le docteur Setier. Elle est persuadée que je me fais posséder soit par
cette maison, soit par quelqu’un qui y a intérêt. Ou qui veut se jouer de moi.
Mais quand tu auras vu, tu comprendras que ce ne sont pas des hallucinations et
qu’il est impossible que ce soit une mise en scène. Tu verras, cette maison, je
ne sais pas si on peut dire qu’elle est hantée mais il s’y passe des choses…
-
J’entends bien mais tu n’es pas le premier
à habiter ici, ton beau-père par exemple…
-
Pour moi, j’ai toujours dit mon père et
pas beau-père. Oui, il habitait ici mais je me demande s’il ne se doutait pas
de quelque chose mais qu’il n’en disait rien. Ça peut paraître bizarre de dire
cela mais lui, c’était un rude, il en avait vu d’autres. Je vais te raconter ce
que je sais sur cette maison.
Daniel boit un coup à
même sa bouteille, se cale dans son fauteuil et commence en remontant aux
origines. Le château date du XIXème mais il y avait une construction
préexistante, une tour pratiquement ruinée et dont les fondations ont servi de
base pour une gloriette dans le jardin. De l’histoire de cette tour, il ne sait
pas grand-chose, peut-être était-ce une tour de vigie mais d’après les
racontars elle se serait appelée la tour des Khazars. Ce qu’il en restait a
donc été joliment arrangé mais il y a encore sous la gloriette une cave voûtée
datant de cette tour.et il y aurait même des souterrains qui rejoindraient le
village. Quant au château, il a été construit par un financier, un nommé
Dépolat dit de Polat, qui avait fait fortune sous le Second Empire et qui se
parfumait du titre de chevalier. Il aurait peu habité son château qui fut longtemps
inhabité jusqu’à ce que son neveu en hérite.
(à suivre...)
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