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dimanche 1 décembre 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs V (13)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Comme le déclarait l’empereur Vespasien, l’argent n’a pas d’odeur. Il n’a d’ailleurs guère plus d’honneur non plus et c’est bien pour cela que François Ier aurait pu déclarer que tout était perdu fors l’odeur. Et, à propos d’argent et d’honneur, s’il y a une pratique qui fait florès en ce moment c’est bien le fait de lancer des cagnottes à tous propos, un sport nouveau dont je ne sais si on pourrait l’appeler cagnottage ou canyotting. Cette pratique, qui semblait réservée aux actions caritatives ou associatives, prend un essor étonnant en faveur du soutien à des personnages parfois douteux et dont on n’aurait pu imaginer qu’ils eussent recours à la générosité publique. Dernier exemple en date, le maire de Levallois-Perret pour qui une cagnotte a été créée en vue de rassembler la somme nécessaire pour payer sa caution. Soit dit en passant, on ne peut qu’être surpris de voir qu’un homme condamné – sous réserve d’appel – pour avoir lourdement fraudé le fisc puisse encore être maire d’une commune mais on en a vu d’autres, suivez mon regard ! Cela dit, la demande de liberté provisoire lui ayant été refusée et la cagnotte ayant fait pschitt, ce monsieur restera en prison, ce qui ne devrait pas nous réjouir pour autant car je ne souhaite à personne de se retrouver en taule, ce n’est pas un endroit agréable quoique puissent en penser certains. Je préférerais qu’il soit tenu de restituer ce qu’il a indûment gardé par devers lui et empêché de reprendre toute fonction élective ou dans l’administration. Fermons le ban.
Autre cagnotte mais qui, cette fois, me paraît plus plaisante, c’est celle que le Louvre a lancée pour l’acquisition d’un Apollon citharède de bronze, rescapé des cendres de Pompéi. Cette statue date du IIème ou Ier siècle avant notre ère et possède une grâce bien plus délicate que le bénéficiaire de la cagnotte précédente. L’Apollon de la statue était censé tenir de la main gauche une cithare qui a disparu sans que l’on sache si un édile de l’époque de l’éruption avait eu le temps de la détourner abusivement.
Toutefois, si d’aucuns font appel à la générosité publique, il en est d’autres qui ne savent pas quoi faire de leur argent. En effet, le « Canard Enchaîné » cite ce titre du « Figaro » du 4 novembre : « Warren Buffett ne sait plus où investir ses 128 milliards de dollars de liquidités » ! Quand on parle de liquidités, je suppose que c’est l’argent de son porte-monnaie et il parait que cet homme avisé préfère patienter plutôt que d’acheter n’importe quoi avec ses liquidités. Ah, nos ménagères de plus ou moins cinquante ans feraient bien d’en prendre de la graine, voilà au moins quelqu’un qui fait des économies, c’est pas comme l’ouvrier qui dilapide sa paie au bistro du coin en fumant des clopes. Et, à propos de fumée, il parait aussi que ce beau Buffett est le patron du holding dont fait partie l’usine qui a enfumé la région rouennaise. Nul ne sait encore s’il fera, lui aussi, appel à la générosité publique pour remettre le site et les poumons en état.
On voit par-là que si l’argent a des donneurs, il a parfois une odeur de fumée.

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