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dimanche 22 décembre 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs V (16)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Noël vient de passer après une débauche de promotions commerciales et le Nouvel-An arrive avec ses vœux dégoulinants de bons sentiments, de champagne et de gras foie.

Tout a commencé avec Halloween qui, sur un substrat religieux celtico-machinchose, nous est revenue des États-Unis comme bien des néo traditions commerciales et basées sur la sottise des consommateurs. Il serait plus judicieux de s’occuper des vivants qui souffrent de par le monde que de jouer à se faire peur avec des morts qui ne demandent qu’à rester tranquilles.

Vint ensuite le black Friday où tout un tas de commerçants vous font des rabais sur tout ce dont vous n’avez nul besoin : j’en ai fait l’expérience, je suis allé regarder certains produits que j’achète régulièrement et ces produits-là ne sont, par un étonnant hasard, justement pas en promotion. Mais tout ce qui m’est totalement inutile est tout à coup bradé à moins quarante, moins cinquante pour cent. Donc, mon seul réflexe a été de ne plus lire aucune de ces publicités racoleuses.

Un peu plus modeste, vint ensuite Saint-Nicolas, patron des écoliers qui s’est fait dépouiller de sa houppelande par un véreux financier. Mais c’est bien fait pour lui, il n’avait qu’à pas aller en Amérique où l’expression financier véreux est un pléonasme. Donc, Saint-Nicolas qui portait des jouets aux enfants des régions nordiques ou septentrionales, a perdu beaucoup de sa superbe et ne raccommode plus les petits enfants qui s’en vont glaner dans les champs car il n’y a plus de champs à glaner, on y a installé des supermarkets, des drive, des zones commerciales et on a massacrés pour cela les meilleures terres agricoles de notre pays, on y a créé des zones labyrinthiques qui dans vingt ans seront peut-être des friches industrielles irrécupérables. Ah, pauvre Saint-Nicolas !

Et arrive ensuite le père noël – et vous remarquerez que j’écris ces mots sans majuscules, ce qui ne fait pas ciller mon traitement de texte – qui fait les poches des crédules consommateurs sans que ceux-ci se remémorent que la fête dite de noël rappelle que naquit, il y a environ deux-mille années, un petit enfant qui, devenu grand, chassa les marchands du temple. Je suppose que, s’il les a chassés par la porte, ils sont revenus par les fenêtres et en masse, de surcroît ! Mais tant qu’ils auront des acheteurs, ils reviendront comme des sauterelles sur les récoltes, ne laissant rien sur leur passage.

Et, pour couronner le tout, voici la nuit de la Saint-Sylvestre et son réveillon, foie gras, caviar et champagne, crises de foie, gueules de bois et constipations au chocolat. Et surtout, les vœux, bonne année, bonne santé, surtout la santé ! Car pour le reste, y’a pas d’assurance ni d’hosto. Nous aurons droit aux vœux tout le long d’un interminable mois de janvier, le président, ses acolytes frénétiques, les députés, les présidents de toutes farines, les sénateurs, les maires et quelques autres ratons-laveurs.

On voit par-là qu’on va encore picoler ferme dans les chaumières.

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