Auditrices et auditeurs
qui m’écoutez, bonjour. « La démocratie, c’est aussi le droit
institutionnel de dire des bêtises » aurait dit en son temps François
Mitterrand. Et on peut constater que nombre de nos élus ne disent pas que des
bêtises mais ils en font aussi.
Après cette belle pensée
frappée au coin du bon sens, intéressons-nous un peu à ce qu’il se passe dans
nos départements et, en l’occurrence, je parlerai du Lot-et-Garonne et du
merveilleux conseil consultatif citoyen que vient de mettre en place le Conseil
Départemental. Mais ce département n’est ni le seul ni le premier à avoir mis
en place des instances de démocratie dite participative car, au jour d’aujourd’hui,
il est impensable de ne plus être participatif et d’initiative citoyenne.
Alors, parlons-en de ces
initiatives citoyennes, mises en place à l’initiative… des élus en place !
Car voilà, semble-t-il, un excellent moyen que nos élus ont trouvé pour redorer
leur blason bien terni. Donc, ils ont instauré un conseil consultatif citoyen
formé de 42 personnes tirées au sort parmi des candidats qui s’étaient
présentés dans les 21 cantons du département. Bien sûr, le fait d’en choisir
deux par canton permettait d’assurer la parité femmes / hommes, nos élus ne
faisant pas confiance aux probabilités jusqu’au bout. Ces 42 personnes ne
représentent apparemment qu’elles-mêmes puisqu’elles ne nous ont proposé ni
programme ni profession de foi et que nous connaissons tout juste leur nom.
Elles n’ont donc nulle responsabilité à assumer et n’auront pas plus de comptes
à rendre en fin de mandat. Mais elles auront fréquenté le beau monde des élus
départementaux car il faut préciser que huit de ces élus départementaux font
partie de ce conseil consultatif afin, tout de même, de garder la haute main
sur cette instance.
Et, en définitive, n’est-ce
pas un terrible aveu de la part des élus en place ? L’aveu de leur
incapacité à écouter, à connaître et à reconnaître ce que pensent et souhaitent
leurs administrés. Sinon, il n’y aurait nul besoin d’une telle instance. Mais
avec ce joujou mis en place pour berner leurs électeurs ils croient pouvoir
faire illusion.
Et, cerise sur le gâteau,
voilà-t-y qu’on nous a concocté un budget participatif. Disons juste que c’est
une miette du budget du département qui est destinée aux initiatives des
citoyens qui auront fait une proposition qui, déposée dans une urne, sera
proposée au vote des électeurs. Je ne me lancerai pas dans de grandes
explications car le système est verrouillé au départ par l’aval des services du
Conseil départemental. Je dirai en gros que c’est un système analogue aux
subventions, avec dépôt de dossier et pattin couffin. En sachant que ce budget
participatif n’est pas une ressource nouvelle mais qu’il vient en déduction de
quelque chose. Pour mettre en place les urnes, la présidente avait convoqué un
certain nombre de gens à trois réunions d’informations. Comme ces réunions
avaient lieu en fin de journée, il était précisé qu’elles se termineraient par
un buffet dînatoire. Je m’y suis rendu après une journée bien remplie et je
comptais sur ce buffet pour me restaurer un peu. La déception fut amère car,
dans une assemblée composée majoritairement d’élus, vous pouvez compter sur eux
pour se servir les premiers et bloquer le passage vers les tables. J’ai tout
juste réussi à attraper deux tranches de pain sec et un fond de verre de vin.
Je laissai donc nos élus s’empiffrer et, de retour au bercail, m’offris une
collation digne de ce nom.
On voit par-là que ce
buffet était à l’image de la démocratie citoyenne et participative de nos élus :
il faudra se contenter des miettes et des fonds de verres.
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