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dimanche 15 décembre 2019

Chronique de Serres et d’ailleurs V (15)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. « La démocratie, c’est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises » aurait dit en son temps François Mitterrand. Et on peut constater que nombre de nos élus ne disent pas que des bêtises mais ils en font aussi.
Après cette belle pensée frappée au coin du bon sens, intéressons-nous un peu à ce qu’il se passe dans nos départements et, en l’occurrence, je parlerai du Lot-et-Garonne et du merveilleux conseil consultatif citoyen que vient de mettre en place le Conseil Départemental. Mais ce département n’est ni le seul ni le premier à avoir mis en place des instances de démocratie dite participative car, au jour d’aujourd’hui, il est impensable de ne plus être participatif et d’initiative citoyenne.
Alors, parlons-en de ces initiatives citoyennes, mises en place à l’initiative… des élus en place ! Car voilà, semble-t-il, un excellent moyen que nos élus ont trouvé pour redorer leur blason bien terni. Donc, ils ont instauré un conseil consultatif citoyen formé de 42 personnes tirées au sort parmi des candidats qui s’étaient présentés dans les 21 cantons du département. Bien sûr, le fait d’en choisir deux par canton permettait d’assurer la parité femmes / hommes, nos élus ne faisant pas confiance aux probabilités jusqu’au bout. Ces 42 personnes ne représentent apparemment qu’elles-mêmes puisqu’elles ne nous ont proposé ni programme ni profession de foi et que nous connaissons tout juste leur nom. Elles n’ont donc nulle responsabilité à assumer et n’auront pas plus de comptes à rendre en fin de mandat. Mais elles auront fréquenté le beau monde des élus départementaux car il faut préciser que huit de ces élus départementaux font partie de ce conseil consultatif afin, tout de même, de garder la haute main sur cette instance.
Et, en définitive, n’est-ce pas un terrible aveu de la part des élus en place ? L’aveu de leur incapacité à écouter, à connaître et à reconnaître ce que pensent et souhaitent leurs administrés. Sinon, il n’y aurait nul besoin d’une telle instance. Mais avec ce joujou mis en place pour berner leurs électeurs ils croient pouvoir faire illusion.
Et, cerise sur le gâteau, voilà-t-y qu’on nous a concocté un budget participatif. Disons juste que c’est une miette du budget du département qui est destinée aux initiatives des citoyens qui auront fait une proposition qui, déposée dans une urne, sera proposée au vote des électeurs. Je ne me lancerai pas dans de grandes explications car le système est verrouillé au départ par l’aval des services du Conseil départemental. Je dirai en gros que c’est un système analogue aux subventions, avec dépôt de dossier et pattin couffin. En sachant que ce budget participatif n’est pas une ressource nouvelle mais qu’il vient en déduction de quelque chose. Pour mettre en place les urnes, la présidente avait convoqué un certain nombre de gens à trois réunions d’informations. Comme ces réunions avaient lieu en fin de journée, il était précisé qu’elles se termineraient par un buffet dînatoire. Je m’y suis rendu après une journée bien remplie et je comptais sur ce buffet pour me restaurer un peu. La déception fut amère car, dans une assemblée composée majoritairement d’élus, vous pouvez compter sur eux pour se servir les premiers et bloquer le passage vers les tables. J’ai tout juste réussi à attraper deux tranches de pain sec et un fond de verre de vin. Je laissai donc nos élus s’empiffrer et, de retour au bercail, m’offris une collation digne de ce nom.
On voit par-là que ce buffet était à l’image de la démocratie citoyenne et participative de nos élus : il faudra se contenter des miettes et des fonds de verres.

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