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Qu’est-ce que c‘est que ces khazars ?
Demande Albert.
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Il s’agit d’habitants de la Ciscaucasie
qui avaient fondé un empire entre le VIème et le Xème siècle, après quoi ils
ont pratiquement disparu.
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Et pourquoi ce nom ?
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Première bizarrerie de ces lieux :
après que les Russes, en 943, eussent détruit tous les bâtiments de la capitale
khazare, les ombres des maisons subsistèrent encore longtemps après leur
destruction.
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Quoi ?
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Laisse-moi finir. Je n’ai, évidemment,
jamais vu la tour et je n’ai connu que la gloriette. Si nous en avons
l’occasion, on ira faire un tour quand il y a du soleil. Tu verras alors qu’on
ne voit pas l’ombre de la gloriette mais celle d’un bâtiment nettement plus
haut. Ne me demande pas pourquoi, inutile d’en parler à qui que ce soit, il
vaut mieux ne pas exciter les curiosités malsaines ou les moqueries. Je
continue mon histoire. Cela devient intéressant avec le neveu.
Quand Samuel
« Sammy » Dépolat s’installe à Soméjac, il a déjà pas mal roulé sa
bosse aux quatre coins du globe. Il se dit antiquaire mais il a surtout une
activité de faussaire et de receleur, sous des dehors très comme il faut. Il
vient d’épouser une fille naturelle d’un noble espagnol, certains disent même
d’un Grand d’Espagne. Elle a été confortablement dotée, ce qui permet à Ernest
de mettre plus ou moins en veilleuse ses activités douteuses. C’est lui qui va meubler le château et qui
rassemble tous les objets étranges qui sont dans le bureau. Personnage toujours
ambigu, malgré ses préférences pour les franquistes, il accueillera certains
réfugiés politiques à la fin de la guerre d’Espagne. C’est quelqu’un qui a
toujours plusieurs fers sur le feu et, sous couvert d’aider les républicains,
il leur soutire des renseignements et des objets de valeurs sans que cela ne
lui en coûte guère. Puis arrive la guerre en France. Soméjac est en zone libre
mais, peu à peu, Ernest va sentir se resserrer l’étau jusqu’à ce que les
allemands franchissent la ligne de démarcation. Sa mère était d’origine juive et, même s’il
restait très discret à ce sujet, il y a des jalousies. Il s’est un peu trop
affiché comme maréchaliste et il commence à recevoir des lettres anonymes. Il
avait toujours une voiture dans son garage et, du jour au lendemain, il file
direction Bossost et l’Espagne. Il confie la garde de sa maison à un ancien
policier, proche de la milice. Celui-ci prendra bien soin de la maison mais il
acceptera de « prêter » la cave à des miliciens du coin.
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La cave ? Pourquoi la cave, demande
Albert.
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Parce que c’est la cave ! Le château
est éloigné du village, tranquille et on peut y faire parler des prisonniers…
et les y garder !
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Donc, la cave aurait servi de prison…
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Passons, l’histoire n’est pas très
ragoûtante. Au moment de la libération, il y a eu une bataille rangée entre
maquisards et miliciens. Ces derniers n’étaient que six, ils se sont fait
décaniller. La surprise a été pour après car dans la cave il y avait un mort et
un mort-vivant. Il s’en est sorti et il a pu raconter ce qui se passait dans
cette cave. Les miliciens enlevaient des gens qui avaient du bien pour les
rançonner, sous prétexte qu’ils avaient aidé la résistance. Il y a eu tortures
et exécutions. Les corps étaient systématiquement évacués et dispersés dans la
nature. Restait l’ancien flic, en l’absence de charges réelles, il a été
relâché après avoir fait deux mois de taule. Quand il est sorti, il est revenu
ici pour constater que tout était encore en place. Il a continué à surveiller
la maison, attendant le retour de Sammy et son épouse. Après la victoire des
alliés, l’ex-flic a essayé de reprendre contact. Il semble que le couple ne
soit jamais arrivé à sa destination, Saragosse. Sammy n’avait plus de famille
directe en France et c’est la famille du côté de sa femme qui a décidé de
vendre le château. Mais qui allait acheter cela juste après la guerre ? Il
est donc resté en vente pendant plus de deux ans et entretemps, le flic-gardien
est décédé. C’est là que mon père entre en scène : fils d’immigrés
italiens arrivés en France juste avant la première guerre en traversant les
Alpes à pied et qui ont pris le train à Menton en espérant rejoindre Bordeaux.
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Je vois ! Le train
Bordeaux-Vintimille qui passe par Toulouse, Montauban et Agen, coupe Albert.
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Exactement, mais ils n’avaient d’argent que
pour aller à Marseille et ils sont restés dans le train sans trop savoir s’ils
seraient encore contrôlés. Eh bien, pas de bol, un contrôleur est passé après
Toulouse. Il a eu pitié d’eux mais leur a conseillé de descendre à Agen car un
autre contrôleur allait monter et il ne serait certainement pas aussi coulant.
Ils ont choisi de descendre avant, à Montauban car ils y avaient une adresse.
Bon, excuse-moi, on reprendra plus tard mais je n’ai pas mis ma meule devant le
perron, j’en ai pour 10 minutes.
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Tu pars faire des courses ?
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Je vais aller acheter des clopes et un
journal au village. Le docteur Setier m’a dit de me faire voir…
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Eh bien, va t’faire voir ! Dit Albert
en rigolant.
Il entend partir Daniel
et va se réchauffer la fin du pot de café en attendant son retour.
*
(à suivre...)
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