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dimanche 9 février 2020

Chronique de Serres et d’ailleurs V (22)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Chaque jour qui passe il se crée un drive de plus dans notre pays. Si cette pratique se répand ainsi, ce n’est pas parce qu’elle permet aux supermarchés et autres vendeurs de faire plus d’argent mais parce que cela répond à un réel désir de la clientèle. Je ne m’étendrai pas sur les diverses formes que prend ce système, je ne suis pas là pour le promouvoir !

Depuis bien des années, il existait ainsi aux Etats-Unis des cinémas où l’on pouvait entrer avec sa voiture et assister à une séance. Cette pratique n’a guère eu de succès dans notre pays à l’exception de quelques ciné-parcs et de quelques mises en place éphémères. Par contre, la restauration rapide s’en est emparée au point que je me demande si l’on peut encore entrer à pied dans ces fast food. Je n’ai évidemment pas la réponse car je ne me nourris pas d’aliments préfabriqués et synthétiques, je laisse volontiers cela aux futurs dodus et obèses des années à venir. Si tant est que cela ne soit pas déjà le cas.

Maintenant, voilà l’explosion des drive en alimentaire et aussi chez les marchands de matériaux. On peut supposer que bientôt tous les commerces s’y mettront, sans oublier les hôpitaux, les églises et les musées. Alors, disais-je, il existe un réel désir de la part de la clientèle. En effet, rien que dans mon village, lorsque je vais à la boulangerie, j’ai toujours eu plaisir à garer mon véhicule dans un lieu adapté et qui ne gêne personne, quitte à devoir faire, au pire, trois-cents mètres à pied. Cette courte promenade me donnait parfois l’occasion de rencontrer quelque aimable personne de connaissance ainsi que d’admirer les maisons les plus sympathiques. Toutefois, lorsque j’arrivais à la porte de la boulangerie, il n’est pas rare que quelque client soit garé devant celle-ci. Ce n’est pas que tel ou tel soit particulièrement pressé car, une fois en face de la boulangère ils ne peuvent plus décoller, mais s’ils avaient pu se garer dans la vitrine, ils n’auraient pas manqué de le faire. Et ce que l’on peut faire dans les petits villages, on le fait différemment dans les villes, en se garant en double file, parfois avec les feux de détresse allumés. Car de la détresse, il y en a chez ces gens qui veulent s’économiser quelques mètres de marche à pied et qui ne seront bientôt plus capables de porter quelques paquets. En effet, il y a des pays où ce système a pris une telle ampleur, l’île de Nauru dans le Pacifique par exemple, que les autochtones ne se nourrissent plus que d’aliments achetés en drive, la conséquence étant que, d’une part il ne marchent plus et que d’autre part ils bouffent de ces trucs préfabriqués accompagnés de boissons sucrées acidulées. Le tout devant des télévisions qui leur offrent des programmes de la même saveur et de la même consistance. Une majorité des habitants de l’île est devenue obèse et ceux qui restent soit se font du fric sur leur (gros) dos, soit sont leurs employés ou leurs obligés. Triste perspective…

Et, dernier avatar du système, ou plutôt de la demande, on a maintenant l’école, le collège et le lycée drive. En effet, les parents qui amènent leurs enfants à l’école ne veulent plus faire un pas de trop et non plus faire faire un mètre à pied en supplément à leurs rejetons. Le matin, on voit des parents arriver devant des écoles et pratiquement éjecter leurs gosses sans quitter leur siège et le soir, ce sont de longues théories de véhicules qui viennent embarquer les élèves à la grille des collèges. On disait souvent qu’il fallait faire attention aux enfants à la sortie des écoles mais actuellement il faut faire attention plus encore aux parents qui font n’importe quoi, tout en regardant l’automobiliste lambda comme un chauffard potentiel.

On voit par-là que s’il en est qui apprennent à l’école, il en est qui ont peu de chance de devenir intelligent en famille.

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