Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. La galette des rois est un mets qui fait
toujours envie aux plus puissants. Comme aurait pu le dire Gaston Leroux, la
monarchie n’a rien perdu de son charme ni la couronne de son éclat, tout au
moins pour ceux qui en rêvent, nos politichinelles par exemple.
D’après
le site d’information (si on peut dire !) Yahoo qui relaie le journal
Gala, l’Elysée et sa première dame ont décidé de créer une nouvelle
tradition : fêter l’Epiphanie à l’Elysée. Soit dit en passant, on voit proliférer
les nouvelles traditions, ce qui n’est pas peu surprenant. J’avais toujours
imaginé que les traditions remontaient, sinon à la plus haute antiquité, tout
au moins à quelques dix années par exemple. Mais c’est là un modèle de ces
oxymorons dont les journalistes modernes ont le secret et je ne doute pas
qu’une telle expression devienne… traditionnelle.
On
aurait tort de voir une allégorie dans cette petite fiesta élyséenne et de voir
en le président et sa première dame un saint-joseph et une vierge, en les rois
mages les syndicats grévistes, des bergers en gilets jaunes et en Hérode un
ministre de la police massacrant les saint innocents. Que nenni ! Les rois
mages sont déjà passés et avaient déjà versé leur écot pour la campagne
électorale. Quant aux bergers, rien avoir avec un Laurent éponyme, ils sont en
arrêt de travail pour invalidité ou autre, laissant les moutons électeurs voter
à vau l’eau.
Mais
revenons à notre fête religieuse étonnamment récupérée par notre république
laïque car il faut bien dire que, si la galette fête le retour de la lumière,
l’épiphanie est la manifestation de la divinité et l’Epiphanie chrétienne
rappelle la présentation de Jésus aux rois mages. Disons que les rois mages
d’Edf ont fêté la lumière par des coupures de courant, que le président s’y
connait en grosse galette pour avoir fréquenté de près les rois de la finance
et que la manifestation de la divinité attendra, jupin courant déjà en culottes
courtes.
Il
m’était difficile de joindre la photo du journal relatant cet évènement mais je
peux vous la décrire car on peut y voir tout un symbole : la première dame
est devant une galette dont le diamètre est de 120 centimètres, elle en a déjà
découpé une belle part qu’elle tient d’une seule main. A sa gauche, la ministre
du travail, prête à prendre sa part du gâteau, puis le président avec un
sourire benêt de petit angelot mais qui se frotte les mains à l’idée de, lui
aussi, se goinfrer. A sa droite, un gonzier en costar que je ne connais pas
mais que j’ai tout de suite identifié, avec son sourire hilare, comme le sosie
de Robert Dalban dans « Les Tontons Flingueurs ». Et la scène, avec
tout ce monde qui se marre, me fait penser qu’il vient de dire en voyant la
première dame brandir son quartier de galette : « Faut
r’connaître que c’est une portion d’homme, ça ! »
On
voit par-là que nos tontons flingueurs sont prêts à partager la galette mais faut
pas exagérer.
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