Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Vous commencez gentiment à me connaître et
d’aucunes autant que d’aucuns parmi vous ont constaté que j’avais toujours un
temps de retard sur l’actualité. A une époque où les rois, les présidents, les
ministres et les sous-ministres tweetent à
tour de bras, commentant à chaud l’actualité, sans souci de dire des sottises,
il est étonnant de voir et d’entendre un chroniqueur qui traîne son
cul-de-plomb à l’arrière de tous les commentateurs et commentatrices, manière
de peaufiner ses propres bêtises ou incongruités et de les servir en arrivant
après la bataille. Certaines, tout autant que certains, pensent même que j’ai
fait mon service dans les carabiniers d’Offenbach et que c’est pour cela que je
propose toujours mes services quand plus personne n’en n’a besoin. Cela me
donne un recul certain et peut se révéler bien plus reposant que de ne rien
faire.
Donc,
cette année, comme les précédentes aussi, j’ai vu arriver moult publicités pour
ceux et celles qui veulent fêter la Saint-Valentin. Le temps que je
réfléchisse, un certain temps donc, le temps que j’enregistre et le temps de
boire un petit pastis, voilà que la fête est passée et, comme l’ont si bien
écrit Henri Meilhac et Ludovic Halévy « Mais
par un malheureux hasard,(…) nous arrivons toujours trop tard » !
La Saint-Valentin est donc passée mais en me dépêchant, j’arriverai bien à
glisser ma chronique dans le ouikende qui suit cet heureux vendredi.
Comme
vous le savez mieux que moi, Saint Valentin fut, sinon vierge, tout au moins
martyr car il fut décapité pour être tombé amoureux d’une jeune fille aveugle
qui recouvra la vue une fois que Valentin lui ait décrit le monde avec
application. Ce qu’apprenant, un pape du sixième siècle le fit canoniser et lui
attribua un jour de fête le 14 février. Il faut dire qu’à l’époque on
fabriquait des saints en quantité suffisante pour garnir le calendrier des
chrétiens. Et, comme un clou chasse l’autre, Valentin s’installa à cette date,
chassant la fête païenne des Lupercales qui était une fête de la fertilité et
où les femmes pouvaient librement, pendant deux ou trois jours, changer de
partenaire. Cette tradition a perduré jusqu’au Moyen-Age et était appelée
valentinage mais de nos jours elle s’est étendue à toute l’année.
D’après
le kikipédia, la Saint Valentin serait devenue une fête laïque au XXème siècle,
étant arrivée en France via la cour d’Angleterre. On voit que les difficultés
de cette dynastie ne datent pas d’hier. Je dirais que cette enkikipédie confond
quelque peu laïcité et commerce car notre Valentin s’est transmuté, comme son
collègue Noël, en riche financier qui rackette les amoureux et transforme les
douces colombes en pigeons. Il fait venir des roses d’Ethiopie ou du Kenya dont
la culture assèche les lacs de ces pays. Elles sont livrées en Europe par des
avions cargos qui donnent à ces roses un parfum de kérosène qui flatte les
narines des amoureuses.
On
voit par-là que les amoureux ont un saint patron qui avait, lui aussi, perdu la
tête.
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