-
Le cabinet de curiosités ? Oui, c’est
surprenant et même carrément effrayant pour certaines choses…
-
Donc vous avez vu ce qu’il y a dans le
petit placard ?
-
Epouvantable ! Qu’est-ce que ça peut
être ?
-
Monsieur Sylvère me l’a montré, peu de
temps avant que je quitte le château. C’est un masque africain qui a été volé
en Centrafrique, je ne sais pas exactement où, mais c’était un masque de
sorcier, considéré comme très précieux car il a été réalisé, parait-il, avec un
authentique crâne humain. Il aurait servi comme d’une sorte de remède par les
frayeurs qu’il provoquait à qui le voyait. Mais je vous avouerai que je ne m’en
suis pour ainsi dire jamais remis, de l’avoir vu.
-
Je vous comprends…
-
Je ne comprends pas que Rambaud ait osé
garder cela, je n’ai pas osé lui poser la question. Pour moi, cela devrait être
confié à des spécialistes qui essayeraient d’en retrouver l’origine et qui le
restitueraient à qui de droit. Et si ce n’est pas possible, le mettre en
collection dans quelque musée mais pas chez un privé. Ce pauvre Daniel fera
bien de s’en séparer.
-
Mais, vous qui vous intéressez à
l’histoire, vous pourriez peut-être l’aider ?
-
S’il est un peu plus ouvert que son père
adoptif, pourquoi pas. Je ne suis ni un historien ni un archéologue mais je
connais des gens compétents à Montauban ou à Toulouse.
-
Je peux lui en parler ?
-
Je veux bien, je suis d’accord pour le
rencontrer. Mais, croyez-moi, je pense qu’il ferait mieux de ne pas habiter le château.
Qu’il vende et aille s’installer ailleurs, il sera bien plus tranquille…
-
Vous avez certainement raison, répond
distraitement Albert qui a constaté que la charmante Rosa n’arrête pas de le
regarder d’un œil coquin. Il se sent rougir un peu puis, pour se donner une
contenance, il reprend la conversation :
-
Donc, vous m’avez parlé de la tour et de
son ombre, du souterrain, du masque mais vous avez à peine parlé de ce monsieur
Sammy, le magicien…
-
Je ne pourrais pas en dire grand-chose, ce
que je connais le mieux, c’est le cabinet de curiosités –et encore, je n’y
allais qu’avec monsieur Sylvère quand le patron était absent. Car Monsieur
Sylvère avait la clef et il m’a montré une sorte de lanterne magique…
-
La lanterne du château des Carpathes !
-
Je vois que vous connaissez aussi. Puis
des objets bizarres en tous genres dont certains doivent être manipulés avec
précaution car si on les sort de leur boite, on n’arrivera plus jamais à les y
remettre, par exemple des billes qu’on ne peut plus arrêter quand on les a mis
en route…
-
Vous avez essayé ?
-
Non, bien sûr, mais si monsieur Sylvère me
l’a dit… enfin vous n’êtes pas tenu d’y croire mais vous ne direz pas que je ne
vous l’ai pas dit ! Mais je vous le dis et vous pouvez me croire, cette
maison est dangereuse pour qui ne saurait y faire. Voyez : monsieur
Sylvère dont vous me dites qu’il s’est suicidé…
-
Ou qu’on l’aurait suicidé !
-
Monsieur et madame, un étrange accident de
voiture. Le vieux Rambaud qui crève dans sa misère morale…
-
Et c’est bien le seul qui mourra sur place !
-
Ouais mais peut-être de la pire des morts,
abandonné de tous y compris de lui-même. Mais quoi ! Aller habiter cette
maison en gardant tout en place, les meubles, les objets, tout, tout, tout…
Sans compter l’épisode des miliciens, les tortures dans la cave, les exécutions
et ça se termine en champ de bataille avec les maquisards. Je vais vous dire :
cette maison est damnée et Daniel n’y fera pas de vieux os. Ou il repartira à l’asile !
-
J’ai entendu le message et je saurai le
faire passer. Mais une question encore : et madame, vous ne m’en avez guère
parlé, pourquoi ?
(à suivre...)
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