Contes et histoires de Pépé J 07 vacances 22 août 2021
Lecteurs et lectrices attentifs, bonjour. Il n’y a rien de tel que les vacances pour faire des rencontres imprévues et enrichissantes. C’est ainsi que, au débouché de la rue des marais sur l’avenue du Général-Comédon, je tombai presque nez à nez avec ce cher professeur Papillon. Celles et ceux qui me lisent de longue date ne seront pas surprises (de terre) car j’ai déjà parlé de lui précédemment.
Professeur, lui dis-je avec joie, comme je suis heureux de vous revoir ! Comment allez-vous ?
Je vous dis que je ne vais pas, me répondit celui-ci avec hauteur.
Oh, professeur, je voulais seulement m’enquérir de votre santé, depuis le temps que nous ne sommes vus !
Je n’ai plus de santé et ne puis donc vous en donner des nouvelles, rétorqua-t-il sèchement.
Mais pourtant, rappelez-vous de ce que l’on dit au premier de l’an : on se souhaite joie, bonheur, prospérité et surtout – surtout !- la santé. Serait-ce donc un vain mot.
Ce brillant scientifique me regarda avec peine, me sourit gentiment et, me prenant par le bras, m’amena jusqu’à une boulangerie équipée d’une petite machine à café où il m’offrit un café et un délicieux croissant. Nous nous assîmes à une petite table en terrasse et il commença :
N’auriez-vous pas compris ce qui se trame en ce moment ? Ni vous ni moi n’avons plus de santé à nous, la santé a été collectivisée et, par ailleurs, on nous parle tant et plus de santé publique. Ce qui fait qu’en guise de salutation, il est devenu obsolète de demander comment allez-vous ? La bonne question est la suivante : comment allons-nous ? En effet, mis à part quelques milliardaires, nos ministres et chefs d’états, nul ne peut plus se targuer d’avoir une santé ou d’avoir « la » santé. En effet, la santé est devenue un bien public au même titre que l’air que nous respirons. Et vous constaterez que, de même que cet air, notre santé publique est, elle aussi, susceptible d’être polluée. Et, comme tout bien d’intérêt public, la santé est administrée par les instances de l’état mais gérée par des intérêts privés. Ce qui reste donc hautement lucratif pour bien des fournisseurs de santé qui deviennent maintenant plus riches que les marchands de canons. Mais c’est un autre sujet, dirais-je. Je vous disais donc que, de nos jours, vous n’avez plus le droit de bricoler votre petite santé dans votre coin, en essayant de vivre sainement en vous nourrissant d’aliments non traités, en buvant de l’eau de votre source. Je vous rappelle ce que disait le docteur Knock : « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore ». Cela est vieux d’un siècle, et pourtant ! Maintenant notre santé est devenue une source d’enrichissement, surtout si elle est suffisamment précaire pour intéresser les grands de ce monde. Il n’est ainsi plus question de se souhaiter mutuellement une bonne santé, cela serait faire offense à ceux qui s’en chargent. D’ailleurs, je me rends de ce pas au ministère de la santé afin de porter assistance au ministre qui souffre d’une gastromacronite purulente,,,
Mais alors, professeur, le ministre aurait-il donc une santé à lui ?
Voyons, cher ami, me répondit-il, je suis son conseiller financier. Apprenez que la gastromacronite est une maladie du portefeuille que l’on ne peut soigner que par injection de liquidités. Au revoir, mon ami !
On voit par-là que l’argent n’a pas d’odeur, santé le bien !
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