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dimanche 27 février 2022

Contes et histoires de Pépé J II (23) Enfouissement de l’éclairage

Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. S’il est une chose dont nous pouvons être fiers, c’est du merveilleux éclairage nocturne dont disposent la majorité de nos bourgades françaises. Hiver comme été, et même parfois de nuit comme de jour, nos élus se plaisent à nous éclairer de leurs lumières électriques. C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de voir, dans de modestes agglomérations, des lieux illuminés a giorno et qui donnent aux édiles locaux l’impression de régner sur des Champs-Élysées quand, aux petites heures, ils déambulent, fiers de ces majestueux candélabres , tels des flambeaux qui accompagneraient ces rois soleils d’opérette.

Pour justifier ces illuminations, on nous explique parfois que l’électricité est est d’un prix moindre la nuit ; mais depuis que toutes les cités se parfument de cette explication, la consommation générale s’en est ressentie et nos centrales électriques n’ont, de ce fait, guère l’occasion de tourner au ralenti...


Autre argument avancé par ces lumenophiles, la sécurité. Ah, sécurité, que ne ferait-on pas en ton nom ! En réalité, dans ce discours, on confond facilement sécurité et sentiment d’insécurité, la peur du noir n’est pas pour les seuls petits enfants…


Ensuite, on vous fait de l’écologie de bazar gros comme le bras, par exemple en changeant les ampoules d’éclairage par des dispositifs dits « basse consommation » ; et, pour faire bonne mesure, il n’est pas rare qu’on diminue la quantité de watts en augmentant le nombre des lumens, tant qu’à faire de dépenser moins, on peut en remettre une petite louche…


Autre pièce de cette écologie, il y a maintenant une usine à gaz réglementaire censée limiter la pollution lumineuse et cela concerne, entre autres, l’éclairage des monuments non habités quoique prétendument remarquables. Ces éclairages devraient être interrompus pendant une partie de la nuit mais bien des municipalités considèrent qu’il est urgent d’attendre…


Toutefois, il faut reconnaître qu’un certain nombre de mairies ont décidé d’interrompre leurs éclairages publics, généralement entre minuit et cinq ou six heures du matin. Et, pour le faire savoir, les responsables placent aux diverses entrées de la commune des panonceaux annonçant « commune étoilée ». Jolie initiative mais il serait tout aussi amusant de voir les agglomérations, qui ont fait le choix inverse, afficher à leurs arrivées : « commune sans étoiles »...


Il serait dommage de terminer sans faire des suggestions qui seraient susceptibles de mettre tout le monde d’accord et je vais donc y aller de ma proposition : en effet, si on fait quelque peu l’historique des réseaux publics, on constate que certains de ces réseaux, pour des raisons de nécessité ou de sécurité, sont enterrés depuis belle lurette. L’eau, dont les conduites en profondeur sont ainsi protégées des variations de températures, et son corollaire, les égouts qui nécessitent de circuler de préférence en suivant une pente naturelle. Ensuite le gaz dont les tuyaux sont ainsi protégés des chocs ou des ruptures éventuelles. Toutefois, les installations électriques et le téléphone ont longtemps résisté à cette tendance fouisseuse et l’on voit maintenant moult installations placées en souterrain, autant par souci esthétique que dans le but de les protéger des tempêtes…


Alors, ma proposition est la suivante : il faut procéder à l’enfouissement de l’éclairage public, supprimons ces disgracieux lampadaires, ces anachroniques réverbères et ces orgueilleux candélabres ! Et éclairons ainsi notre sous-sol à la seule demande des taupes, lombrics et autres animaux fouisseurs. Et gageons que ces derniers se feront économes de ce genre de demande.


On voit par-là qu’il suffit d’un peu de bonne volonté pour que surgisse la lumière.



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