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dimanche 24 avril 2022

Contes et histoires de Pépé J II (31) voter blanc ou noir

Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Je vais vous lire aujourd’hui ma chronique du 7 mai 2017. Cette lecture vous permettra de voir si, à défaut de se répéter, l’histoire bégaie. Les élections sont là, depuis le temps qu’on les attendait il n’est pas trop tôt. Hélas, on nous a fait la promotion de onze candidats comme des savonnettes mais nul ne pense à parler des autres possibilités, à savoir le vote blanc, l’abstention et le vote nul.

L’abstention est brandie à chaque élection comme un épouvantail qui va avantager certains candidats au détriment des autres, comme un non-geste irresponsable, une démission, un abandon de la démocratie et comme étant une attitude de mécréant laïc. Tout électeur potentiel qui ne se déplace pas pour voter représente, d’après les média compétents, un danger pour la démocratie et, pour tout dire, il se voit noyé dans la lie du fond du tonneau républicain. Mais lorsque cet abstentionniste sort de sa réserve et vote non au TCE (traité constitutionnel européen), il est soupçonné de mal voter. L’abstention, si elle est le fait d’étourdis, de j’menfoutistes et de pêcheurs à la ligne, est aussi le fait de gens qui, délibérément, refusent d’exprimer un vote, quel qu’il soit. Je citerai ces quelques lignes du géographe Elisée Reclus publiées en 1885 : « Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. (…)N'abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d'action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance. » Il y a donc aussi une abstention active et peut-être même citoyenne et celle-ci fait l’objet d’un livre récent dont le titre reprend le début de la phrase d’Elisée Reclus. L’auteur y appelle au boycott des scrutins et à la politisation de l’abstention.

Le vote blanc est le fait de participer au scrutin, il indique une volonté de participer au débat démocratique mais marque un refus des choix proposés. Le vote blanc est maintenant décompté, en France, à part des votes nuls mais il n’est toujours pas reconnu comme un vote exprimé. Il n’a donc aucun pouvoir réel sur le scrutin alors qu’il pourrait, s’il était massif, avoir un pouvoir révocatoire.

Reste aussi le vote dit nul ; Il paraît que le vote nul est souvent le résultat d’une erreur de manipulation, que les bulletins soient déchirés, raturés, griffonnés ou raturés, qu’ils n’aient pas la présentation officielle ou encore que l’enveloppe contienne plusieurs bulletins à des noms différents. Et il arrive également que l’électeur ait volontairement déposé un bulletin nul pour manifester son opposition aux différents choix présentés, ce qui rejoint ainsi, dans l’intention, ce qu’exprime un vote blanc. En outre, il exprime parfois aussi par écrit une opinion à l’égard d’une ou plusieurs personnes présentes ou non au moment du dépouillement, ce que bien souvent les dépouilleurs passent sous silence : l’électeur n’a droit qu’à la parole calibrée par les notables.

Tous ces modes d’expression ne sont pas reconnus alors que, contrairement à ce que l’on entend parfois et même souvent, ils ne sont pas forcément la marque d’une démission de la part des électeurs. Il faut ajouter que lors des scrutins entre notables, assemblée nationale, conseils municipaux et autres, l’abstention est prise en compte.

On voit par-là que ce qui est bon pour les notables ne l’est pas pour le commun des mortels.


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