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jeudi 14 avril 2022

Dernier tableau (72)

Renato est face à Hervé, à peine à cinquante centimètres. Ce dernier lui balance une paire de calottes à lui dévisser la tête, Renato titube. Hervé l’attrape sous un bras et l’entraîne jusqu’à la porte de la chambre. Il le charrie dans l’escalier, descendu quatre à quatre, ouvre la porte d’entrée, avise le petit cabriolet rouge. Il n’est pas fermé à clef. Hervé ouvre la portière et fourre Renato à l’intérieur, dans le style des policiers américains, en appuyant sur sa tête. Lorsque celui-ci est au volant, il lui dit :


– Écoute-moi bien. Ici, c’est chez moi. Sara, maintenant, elle est à moi. Si je te revois dans les parages, je te casse la tête. Aujourd’hui j’ai été gentil, je te mets même ta voiture en mains. Mais demain, c’est fini les soldes, je fais payer plein pot. Tu me comprends, Toto ?

– Jé suis pas Toto, gémit le Toto en question.

– Tu veux encore une calotte ou cela te suffit ? Et donne-moi la clé de la baraque, j’aime pas être dérangé pendant la nuit. Allons, la clé, vite, dit-il en faisant mine de ressortir Renato de la petite Fiat.

– Bon, bon, la voilà dit-il en sortant une clé qu’il donne à Hervé.


à ce moment, il entend la fenêtre de l’étage s’ouvrir et un paquet de vêtements atterrit sur le trottoir, accompagnés d’un sac dont le contenu s’étale en partie sur le trottoir : brosse à dents et autres affaires de toilette s’éparpillent. Il fait le tour de la voiture, ouvre la portière du passager et fourre le tout sur le siège. Il revient à la porte du conducteur restée ouverte, l’empoigne et s’adresse à Renato :

– Et maintenant, tu sais ce qu’il te reste à faire si tu ne veux pas ta petite calotte ?

– Je m’en vais, dit Renato en reniflant. Il cherche sa clé de contact dans sa poche et démarre le moteur.

– Allez, fiche le camp, trou du cul ! Et que je ne te revoie pas !


Ce faisant, Hervé lui balance un petit revers, moitié sur la joue, moitié sur la lèvre. Renato passe une vitesse, Hervé claque la portière et l’autre file sans demander son reste. C’est alors qu’Hervé se rend compte que non seulement il est en chaussettes dans la rue mais qu’il est toujours en slip puisque l’arrivée de Renato ne lui a pas laissé le temps de mettre son pantalon. Quelques curieux se sont penchés à leur fenêtre et il se hâte de rentrer, mais avec dignité, les cuisses à l’air. Sara est descendue le retrouver.


– Au moins, ce coup-ci, il est au courant, il ne pourra pas dire je ne savais pas, dit Hervé. Mais tu devrais perdre cette habitude ridicule de jeter les vêtements par les fenêtres, cela fait tout de même deux fois que je te vois faire cela.

– Plus de Renato, plus besoin de jeter de vêtements ! Bravo, quelle maestria, tu as bien débarrassé le plancher ! répond-elle en souriant.

– Ne sois pas si sûre d’en être débarrassée, il a juste été pris à froid cette nuit. Il pourrait réfléchir et tenter quelque chose. Le seul truc positif, c’est qu’il sait que je suis dans la place.

– Tu ne crois pas que tu l’as mouché pour de bon ?

– Je ne sais pas, mais ce type s’est laissé faire comme un « couyemol », un peu trop facilement, je le sens mal, ce gonze. Ça peut être le genre de gars à revenir avec des copains.

– En tout cas, tu l’as bien eu, car il est ceinture je ne sais plus de quelle couleur de karaté.

– Ça, tu peux l’oublier, c’est un karatéka des lundis de Pentecôte, il doit connaître un ou deux trucs et se faire passer pour un grand maître…

– Pourtant, il m’avait dit que…

– Si je devais compter sur les doigts toutes les soi-disant ceintures noires, marron ou autres que j’ai croisées dans ma vie, il me faudrait plusieurs centaines de mains. Les mecs, ils te font deux heures de karaté par semaine pendant six mois et ils te racontent toute leur vie qu’ils étaient vice-champions de France de Trifouillé-les-oies catégorie plume de coq. Si ton Renato est karatéka, moi je suis évêque de Cuguron-les-Olivettes !

– Peu importe, monseigneur, tu vas prendre froid, repartons nous coucher, conclut Sara.


Ils remontent à l’étage où toutes les portes sont restées ouvertes.


– Eh merde ! dit Sara. J’ai oublié de balancer sa petite sacoche, il est foutu de revenir rien que pour cela.

– C’est quoi comme petite sacoche ?

(à suivre...)

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