Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Je vous parle souvent de mes lectures et ce sont généralement des ouvrages qui parlent du sud-ouest. Mais cette fois, je vais vous entraîner au Canada et au XIXème siècle. Le hasard heureux des boîtes à livre m’a permis de lire un livre publié pour la première fois en 1897 chez Hachette, dans une édition de 1929. Ce livre était encore avec ses feuilles non coupées et j’ai donc eu l’honneur de les couper en connaissant le « frisson du couteau d’ivoire dans les pages non coupées » comme le disait, paraît-il, Théophile Gauthier. A défaut de couteau d’ivoire, j’ai pu me servir d’un authentique coupe-papier.
Le titre du livre est : « Un Robinson de six ans » et l’auteur en est Constant Améro. Le titre m’avait intrigué et je pensais qu’il s’agissait de littérature enfantine avec une histoire imaginaire. Or il n’en n’est rien, il s’agirait, aux dires de l’auteur, d’une histoire vraie, l’histoire d’un gamin de six ans que son oncle avait emmené en bateau depuis la Normandie et qu’il a déposé en 1657 sur la côte du Canada. Pourquoi déposer ainsi un enfant de six ans dans une contrée peu habitée et dont les habitants autochtones, les indiens iroquois, sont fréquemment en guerre entre tribus. En outre, ils se méfient absolument de ces « blancs » qui veulent coloniser leurs régions et qui sont installés au Québec. Tout ceci sans oublier la concurrence entre français et anglais pour la prise de possession de ces territoires. La raison de l’abandon est simple : une marâtre qui a décidé de se débarrasser du fils de son mari. Et elle demande à son propre frère d’abandonner le gamin dans un lieu désert, au-delà de l’Atlantique.
Dans cet environnement difficile, l’enfant avait bien peu de chances de survivre et il s’en emparera, de ce « bien peu ». Car il cherchera toujours à retrouver Québec où se trouvent des français. Sa première rencontre sera décisive, celle avec la fille du sachem d’une tribu. Celle-ci le prend en affection et le défendra contre l’hostilité des autres membres de la tribu. Grâce à la tribu, il pourra manger et il verra comment les membres font pour chasser et se déplacer.
Il y a un seul mot que, au début, Gilles le petit Robinson a le malheur de prononcer, c’est le mot Québec car c’est la ville où sont basés les envahisseurs et dont il faut toujours se méfier. Il apprendra donc à cacher le but vers lequel il tend, à savoir rejoindre cette ville puis sa patrie.
Même si le livre présente les peaux-rouges comme des sauvages - il est écrit au 19ème siècle - l’auteur expose toute la qualité de la culture iroquoise et les capacités de survie de ce peuple dans un climat souvent rude. L’histoire en est prenante et je me suis bien intéressé à suivre le cheminement de ce gamin, son obstination à retrouver son pays et sa subtilité extraordinaire pour son âge.
Je ne vais pas raconter toute l’histoire car ce livre se trouve encore en bibliothèque ou d’occasion chez bien des libraires et bouquinistes. Je dirai simplement que Gilles arrivera à bon port et qu’il fera une longue carrière d’enseignant en France et décédera à l’âge de 77 ans.
Cric crac, mon histoire est finie et, pour un liard, dis m’en une plus jolie.
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