Chronique du temps exigu (9)
La vie à la campagne n’a pas que des inconvénients, elle
réserve aussi des surprises agréables. Parmi celles-ci, la découverte (et le
ramassage) des champignons. Bien sûr, il n’y en a pas qu’à la campagne. A
Paris, il y a les champignons dits de Paris qui ressemblent, serrés dans leurs
barquettes, aux Parisiens dans leurs métros. Il traîne aussi dans la capitale
quelques mycoses et autres mérules mais là n’est pas notre propos.
Le champignon a longtemps excité l’imagination des
dessinateurs qui le font cohabiter avec le petit peuple des bois et des forêts.
Il a aussi été le fantasme de cohortes de babas et autres pileux à sandalettes en
tant que pourvoyeur d’hallucinations. Meurtrier parfois, il a aussi fait rude
violence à bien des intestins de ramasseurs imprudents.
Dans les prés, le doux rosé émerge de l’herbage et l’ample
coulemelle déploie avec majesté son ombrelle déguenillée. Le faux mousseron, doux
marasme d’oréade se répand en ronds de sorcière dans l’herbe rase et le coprin
chevelu érige sa cloche claire.
Dans les bois, le clitocybe et la chanterelle d’automne
créent des taches de couleur dans les feuilles mortes. Le cèpe, dodu et parfois
imposant parfume les sentiers et la lumineuse girolle éclaire le sous-bois. La
trompette de la mort s’organise en troupes sombres et le pied-de-mouton
scintille doucement sous les feuillus. Ailleurs, lactaires et oronges brillent
de tous leurs feux.
Et dans les assiettes, en sauce, sur une croûte ou farcis,
ils sont le régal de qui sait les aimer.
On voit par là que la vie à la campagne n’est pas de tout
repos…
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