Le temps est gris mais sans promesse de pluie, il s’habille
en marcheur et part prendre le bus en direction de Cancale et descend à
mi-chemin, à La Brémarde. Dans un bourg, il s’achète deux beaux sandwiches
ainsi qu’une bouteille d’eau et il part sur le sentier des douaniers.
Ce sentier est magique en toutes saisons, mais il est
féerique en hiver lorsque la brume pose ses flocons géants ça et là. La marée
est montante et il se sent ivre de cette beauté subtile. Le chemin suit un haut
de falaise, puis brutalement descend vers une petite crique qui se prolonge en
une sorte de ria profonde. Il marche sur le sable d’une étroite bande de plage
qui borde cet aber, puis, après plus de sept ou huit-cents mètres, cette bande
de sable se transforme en un magma boueux sur lequel sont mollement couchées
quelques barques tenues par de longs filins eux-mêmes attachés aux arbres
poussant sur le haut talus qui surplombe cette bande boueuse. Il voit bien que
la vallée se rétrécit et que les eaux montent, mais il ne peut que continuer en
espérant trouver un passage, une rampe qui lui permettra de monter sur le
talus.
Ses chaussures deviennent lourdes de cette gadoue collante
et il a de plus en plus de mal à avancer alors que la marée envahit rapidement
les lieux, faisant frissonner les petites barques au bout de leurs amarres. Il
hésite un moment à monter dans une de ces embarcations, mais non, c’est
stupide, il va arriver à trouver une issue.
La marée continue à monter assez vite et il progresse de plus en plus difficilement, l’intérieur de
ses chaussures est gorgé d’eau salée et le bas de son pantalon est détrempé. Il
prend un filin et tente d’escalader le talus en s’aidant de celui-ci. Mais le
talus est raide et sableux, le terrain se dérobe sous ses pieds, il lâche
prise. Et l’eau monte encore.
(à suivre...)
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