"Le chemin partait raide, attaquant la montagne légèrement en
oblique. Ce chemin s’inscrivait en creux dans le relief, ce qui permettait de
le suivre sans s’en écarter surtout dans le bois où la clarté se dissipait.
Il marchait, rassuré par le contact du bâton, des pierres
roulaient sous ses pieds. Léon craignait de se faire mal ou de ne pas tenir le
coup. Il manquait d’entraînement à la marche, surtout en montagne et il savait
qu’il suffit de peu pour se fouler une cheville.
Il montait, l’attaque était rude et la journée commençait,
sévère, par cette montée dont il ne pouvait voir la fin. De temps en temps, de
plus grosses pierres l’obligeaient à faire un écart. Le seul bruit venait de
ses pas et de cailloux qui roulaient, pas encore un oiseau, pas un bruit ne
montait de la plaine.
Il grimpait, le bâton serré dans sa main droite, lui donnant
des poussées pour soulager ses jambes. Léon n’avait jamais imaginé un début de
journée aussi dur. Enfin, une lueur commença à s’insinuer entre les sapins,
Léon voyait maintenant que le sol était seulement couvert d’aiguilles et de
branches mortes. Il sentit une vague d’énergie monter en lui, il entendit
chanter un oiseau. Se retournant, il vit à travers les arbres pointer un début de disque solaire. Il repartit, les
jambes légères et respirant à pleins poumons.
Il sifflait, doucement pour ne pas troubler la montagne, la
forêt, les animaux. Un rayon de lumière passait entre les branches, le chemin,
toujours à flanc de montagne, partait à plat en suivant une courbe de niveau. Le
bois se garnissait maintenant de feuillus épars et des buissons de myrtilles
couvraient, par plaques, les bords du chemin. Léon s’arrêta pour regarder vers
la vallée, vers l’orient. Toute la plaine commençait à frémir sous le lever du
soleil.
Il frémissait avec la nature, se sentant devenu nain en elle
et géant par elle."
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