Avec les
rêves de Monsieur Schulze, l’Allemagne serait-elle en train de connaître le
retour du refoulé ?
Ce dernier aurait
souhaité une démission du premier ministre grec élu : la social-démocratie
a du souci à se faire… Avant lui, le journal Die Welt avait déjà tenté de
refaire l’histoire à sa façon en accusant « La
Grèce » d’avoir déjà détruit une fois l’ordre européen… en 1830 !
On peut se demander si ce journal reproche à « La Grèce » de ne pas avoir su ébranler l’ordre européen
aussi efficacement que « L’Allemagne »
a pu le faire à plusieurs reprises depuis cette époque. Quand on refait l’histoire,
il faut savoir le faire. Et quand on accuse « La
Grèce », il faut parfois penser à ce que ce nom a de pluriel et
réfléchir au fait qu’il représente infiniment de singuliers. Mais quand on rêve
d’un gouvernement de technocrates, pense-t-on encore aux individus que l’on est
prêt à écraser sous sa botte ? Quand on veut assécher le marais, on ne se
soucie pas des grenouilles.
L’Europe des
financiers, des rentiers et des cumulards n’est plus l’Europe des peuples mais
elle est la chambre d’enregistrement des diktats des lobbies financiers,
commerciaux et industriels. Elle dégrade l’environnement en faisant semblant de
le protéger : en effet, elle protège l’environnement des riches au mépris
des pauvres. Elle fait disparaître les agricultures locales au profit de
productions agro-industrielles qui dévaluent les terrains et les savoir-faire et
qui donnent le monopole aux magnats des semences et des phytosanitaires. Mais elle protège avec soin les boursicoteurs
qui ont spéculé sur les dettes nationales. De nos jours, avec le pouvoir
financier, on peut jouer à gagner à tous les coups : l’Europe couvre les
risques des agioteurs et leur laisse les gains : c’est le jeu à qui gagne, gagne.
Cette Europe
de financiers, de créanciers, de rentiers n’est plus notre Europe… l’a-t-elle
jamais été ? Elle est gérée par des commissaires sans légitimité
populaire, par des élus arrivistes, cumulards et pré-pantouflards et par des
fonctionnaires aux prérogatives exorbitantes. Et c’est cette Europe de riches
qui veut nous faire la leçon ? C’est cette Europe qui, sournoisement,
réintroduit le totalitarisme le plus implacable : celui de l’argent. Même
si Syriza échoue dans son entreprise, elle aura obligé l’Europe à montrer sa
face brune.
Quand Sophocle fait
dire par Créon à Antigone : « Tu es la seule parmi les Cadméens à
penser ainsi », elle répond : « Ils pensent comme moi mais se
mordent les lèvres pour te complaire » (ὁρῶσι
χοὖτοι, σοὶ δ᾽ ὑπίλλουσιν στόμα.)
On voit par-là que nous sommes
trop nombreux à nous mordre les lèvres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire