Je
vais à ma chambre où j’essaye de me débarbouiller un tant soit peu à l’aide de
la cuvette et du broc d’eau. Avec ce que j’ai transpiré, j’ai du sable collé
partout et j’arrive tout juste à l’étaler. Après cela, je m’étends sur le lit
et tombe dans un sommeil profond.
Le
lendemain, c’est encore Paréguy qui vient me virer du plumard et en me levant
je comprends ce qu’il avait voulu dire hier. J’ai mal partout, mes cuisses et
mes mollets sont raides comme du bois et j’ai une douleur lancinante dans le
dos. Encore heureux d’avoir dormi comme une souche. J’ai droit au même djebel-breakfast que la veille sauf que
la babouche a infusé un peu depuis. Baste, me dis-je, cela me prouve que je
suis encore vivant.
A
Wassabé, le camion me benne directement aux urgences de l’hosto. Je crois que
je vais avoir des nouvelles d’Eliane mais une horde d’infirmières et de
brancardiers s’empare de mon corps et le fait passer à la moulinette
hospitalière : colo, radio, chimio, que sais-je ? Au bout d’une demi-journée,
je suis décrassé, estampillé bon pour le retour en métropole. C’est le moment
que choisit Klim pour venir me chercher. Le colonel lui a remis un petit colis
pour moi, à savoir mon portable et celui de Gheusy. Ce Klim est toujours aussi
plaisant qu’une planche de chiotte mais il est porteur de bonnes nouvelles,
mettons cela à son actif.
-
Monsieur
Forelle, je crois que cela n’a pas été simple mais je vous félicite, il paraît
que vous avez réussi un exploit…
-
Qui
vous a dit ça ? demandé-je sans aménité.
-
Ne
citons pas de nom. Plus important : je crois que vous aimeriez avoir des
nouvelles de mademoiselle Bonnefoi. Sachez qu’elle a été rapatriée en urgence
cette nuit. Aux dernières nouvelles, elle était toujours dans le coma mais elle
a été admise dans le service du professeur Stalle, sans doute un des meilleurs
chirurgiens au monde…
-
Il
va l’opérer ?
-
Je
n’en sais pas plus. Pour notre part, je suis venu vous chercher car nous avons
un avion à prendre, je vous ramène à Toulouse.
-
Le
service du Pr Stalle, c’est à Toulouse ?
-
Non,
bien sûr, c’est en région parisienne. La blessure est certainement grave et il
y a au moins une balle à extraire…
-
Ça
n’a pas encore été fait ?
-
Je
n’ai pas plus de nouvelles, vous en saurez plus en arrivant à Toulouse.
Maintenant, venez, je vous prie, ne tardons pas.
-
Mais,
je suis obligé de partir maintenant ?
-
Ce
serait sans intérêt, à moins que vous ne vouliez faire du tourisme. Mais vous
n’êtes pas autorisé à séjourner ici et vous auriez à vous débrouiller tout seul
pour retourner au pays. C’est vous qui voyez…
Je
comprends qu’il est inutile d’insister et j’emboîte le pas de mon cicérone.
Nous montons dans une grosse limousine de l’ambassade, ce qui nous permet
d’arriver directement au pied de la passerelle de l’avion, comme des chefs
d’état. Le voyage jusqu’à Toulouse est, à l’image de Klim, ennuyeux.
*
(à suivre...)
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