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jeudi 30 juillet 2015

Le cabot de Fortunio (56)

Je vais à ma chambre où j’essaye de me débarbouiller un tant soit peu à l’aide de la cuvette et du broc d’eau. Avec ce que j’ai transpiré, j’ai du sable collé partout et j’arrive tout juste à l’étaler. Après cela, je m’étends sur le lit et tombe dans un sommeil profond.
Le lendemain, c’est encore Paréguy qui vient me virer du plumard et en me levant je comprends ce qu’il avait voulu dire hier. J’ai mal partout, mes cuisses et mes mollets sont raides comme du bois et j’ai une douleur lancinante dans le dos. Encore heureux d’avoir dormi comme une souche. J’ai droit au même djebel-breakfast que la veille sauf que la babouche a infusé un peu depuis. Baste, me dis-je, cela me prouve que je suis encore vivant.
A Wassabé, le camion me benne directement aux urgences de l’hosto. Je crois que je vais avoir des nouvelles d’Eliane mais une horde d’infirmières et de brancardiers s’empare de mon corps et le fait passer à la moulinette hospitalière : colo, radio, chimio, que sais-je ? Au bout d’une demi-journée, je suis décrassé, estampillé bon pour le retour en métropole. C’est le moment que choisit Klim pour venir me chercher. Le colonel lui a remis un petit colis pour moi, à savoir mon portable et celui de Gheusy. Ce Klim est toujours aussi plaisant qu’une planche de chiotte mais il est porteur de bonnes nouvelles, mettons cela à son actif.
-          Monsieur Forelle, je crois que cela n’a pas été simple mais je vous félicite, il paraît que vous avez réussi un exploit…
-          Qui vous a dit ça ? demandé-je sans aménité.
-          Ne citons pas de nom. Plus important : je crois que vous aimeriez avoir des nouvelles de mademoiselle Bonnefoi. Sachez qu’elle a été rapatriée en urgence cette nuit. Aux dernières nouvelles, elle était toujours dans le coma mais elle a été admise dans le service du professeur Stalle, sans doute un des meilleurs chirurgiens au monde…
-          Il va l’opérer ?
-          Je n’en sais pas plus. Pour notre part, je suis venu vous chercher car nous avons un avion à prendre, je vous ramène à Toulouse.
-          Le service du Pr Stalle, c’est à Toulouse ?
-          Non, bien sûr, c’est en région parisienne. La blessure est certainement grave et il y a au moins une balle à extraire…
-          Ça n’a pas encore été fait ?
-          Je n’ai pas plus de nouvelles, vous en saurez plus en arrivant à Toulouse. Maintenant, venez, je vous prie, ne tardons pas.
-          Mais, je suis obligé de partir maintenant ?
-          Ce serait sans intérêt, à moins que vous ne vouliez faire du tourisme. Mais vous n’êtes pas autorisé à séjourner ici et vous auriez à vous débrouiller tout seul pour retourner au pays. C’est vous qui voyez…
Je comprends qu’il est inutile d’insister et j’emboîte le pas de mon cicérone. Nous montons dans une grosse limousine de l’ambassade, ce qui nous permet d’arriver directement au pied de la passerelle de l’avion, comme des chefs d’état. Le voyage jusqu’à Toulouse est, à l’image de Klim, ennuyeux.

*
(à suivre...)

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