Où l’on en
remet une couche…
L’humour
a-t-il un prix ? Plus aucun maintenant que les émoticônes sont
gratuites.
Dans un
roman de Huxley, il y a un personnage qui se ferait pendre plutôt que de se
priver d’un bon mot. C’était une autre époque, celle où vous pouviez vous faire
virer du collège pour mauvais esprit… et ceci est un simple exemple.
Imaginons
une conversation. Vous êtes gourmandé par un gendarme sous l’œil d’un
passant :
-
Monsieur,
dit le pandore, vous avez commis une infraction, je vais vous enlever un point.
-
Quoi,
répondez-vous, vous voulez prendre mon point ?
-
Monsieur,
vous dit-il en retour, vous me menacez ?
Vous
pensez avoir fait de l’humour. Le passant, observateur plus ou moins neutre, y
a vu de l’ironie. Quant au représentant de l’ordre, il y verra dans le meilleur
des cas du persiflage et dans le pire, une menace. Vous avez courageusement
bravé l’autorité en risquant de vous faire accuser de rébellion.
Aujourd’hui,
vous ne risquez plus rien. Allez donc voir sur le vèbe. D’après
l’Institut Périamétri, plus de soixante-dix pour cent des phrases échangées
dans les forums de discussion finissent par ce bizarre assemblage appelé émoticône
formé du deux points – tiret sous le six – fermeture de parenthèse, aussi
appelé « smiley ».
D’après Médiapétri, on passerait même les quatre-vingt pour cent ! De
fait, bien des émetteurs de messages qui ne comprennent pas leur propre
message, se satisfont de ce petit drapeau pour dire : « c’était pour
rire ». Et bien d’autres agitent ce drapeau au cas où il y aurait de
l’humour dans ce qu’ils ont écrit. Et je n’ai pas encore parlé de l’expression
« Lol », d’origine douteuse quoiqu’anglo-saxonne (à moins que cela ne
soit le contraire ?) que d’aucuns traduisent par « mort de
rire ». De nos jours, il y a plus de gens qui ressuscitent après ce genre
de décès que d’individus qui trépassent. L’humour, comme le crime, ne paie
plus.
On voit
par là que quand l’humour n’a pas de prix, il est aussi sans valeur.
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