Bien,
je repasse sur mon chantier pour avertir Charles et les autres de mon nouveau
départ puis je reviens à la maison. J’ai besoin de gamberger : Eliane est
entre la vie et la mort, les gars qui lui ont tiré dessus ont délibérément
cherché à la descendre et en plus ils ont le fric.
Mon
téléphone sonne et, cette fois, c’est Raymond Livron. C’est vrai que je l’avais
complètement oublié, celui-là.
-
Albert !
Alors, tu nous fais des frayeurs ?
-
De
qui, de quoi ? dis-je. De quoi qu’tu m’causes ?
-
Ecoute,
j’avais sollicité mes contacts comme tu sais. Ce matin, mon contact m’a rappelé
en me demandant si j’avais des nouvelles. Bien sûr, je lui dis que non. C’est
donc lui qui m’a raconté que les choses avaient mal tourné. Bon, mais tu as un
peu de temps à me consacrer, ce soir par exemple ?
-
Ce
soir, non, mais cet après-midi, si toi tu as le temps…
-
Ah
oui, mais je pensais que tu travaillais cet après-midi.
-
Je
me demande bien quand je travaille, en ce moment, dis-je avec ironie. Tu viens
à la maison ? Viens dès que tu peux…
-
Attends,
tu as mangé ?
-
Non,
pourquoi ?
-
Moi
non plus, ma femme est absente, on va se manger un morceau en ville ou au
buffet de la gare, ça te dit ? C’est moi qui paie…
-
Alors,
si c’est toi qui paies, je ne peux qu’accepter.
-
A
tout de suite, devant la gare ?
-
A
tout de suite.
Nous
nous retrouvons donc devant deux larges bavettes à l’échalote assistées d’un
rouge de Duras. Raymond connaissait donc les grandes lignes de mon aventure mais
surtout son contact lui avait donné quelques renseignements au sujet des
ravisseurs. D’après cette personne
autorisée, les ravisseurs ne sont ni des politiques – ils auraient
revendiqué leur acte, exigé des libérations de prisonniers politiques, par
exemple – ni une bande organisée. Il s’agirait plutôt de voyous, une petite
bande qui aurait voulu faire du fric vite fait. La preuve, ils ont bien vite
lâché sur le montant de la rançon. Ce qui confirme ce que me disait Paréguy.
Mais l’info la plus importante, c’est que les services ne sont pas très motivés
pour rechercher ces voyous. Je demande donc à Raymond de continuer à se tenir
au courant parce que, moi, je me sens motivé pour les retrouver.
(à suivre...)
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