Un train peut en cacher un autre…
cette phrase lapidaire a fait rêver bien des gens arrêtés à un passage à
niveau. En effet, un train normalement en retard sur l’horaire peut en cacher
un autre qui arriverait sournoisement à l’heure. Le piéton (ou le cycliste) qui
traverse le passage à niveau n’imagine pas qu’un train puisse arriver à
l’heure, ce dernier étant de plus obligé de se cacher derrière un autre pour ne
pas se faire voir.
Le retard des trains est une source
inépuisable de découvertes culturelles pour qui a la chance de s’y pencher.
Vous est-il arrivé d'être dans un
train quand tout à coup des haut-parleurs situés on ne sait où dans le wagon se
mettent à éructer une annonce bruyante et incompréhensible ? Après un coup
d’œil à votre montre, vous supposez que l’on vous apprend que votre train aura
du retard sur l’horaire annoncé, que le président de la société ferroviaire
viendra en personne vous tenir la main pour prendre votre correspondance et
qu’une agréable collation sera servie en compensation du préjudice subi. Légère
déception, seule la première de ces suppositions se révèlera exacte.
J’ai eu la chance dernièrement de
voyager au côté d’un sémiologue érudit qui a longuement analysé ces éructations
ferroviaires et qui a fait une découverte étonnante. Ces messages que nous
entendons dans les trains ne sont nullement en langue française ni en une autre
langue en usage dans nos pays occidentaux. Il s’agit en fait d’une langue
hiéroglyphique non écrite et uniquement émise par ce que l’on appellera une
voix. Cette langue n’est pratiquée que par des locuteurs ignorant la signification
de ce qu’ils disent mais ayant bien la sensation d’avoir une parole imagée
autant que sensée.
On voit par-là que les agents du
chemin de fer ne diffèrent guère, sur ce point précis, du commun des mortels.
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