En vedette !

dimanche 9 août 2015

Chronique du temps exigu (9b)


La vie à la campagne n’a pas que des inconvénients, elle réserve aussi des surprises agréables. Parmi celles-ci, la découverte (et le ramassage) des champignons. Bien sûr, il n’y en a pas qu’à la campagne. A Paris, il y a les champignons dits de Paris qui ressemblent, serrés dans leurs barquettes, aux Parisiens dans leurs métros. Il traîne aussi dans la capitale quelques mycoses et autres mérules mais là n’est pas notre propos.
Le champignon a longtemps excité l’imagination des dessinateurs qui le font cohabiter avec le petit peuple des bois et des forêts. Il a aussi été le fantasme de cohortes de babas et autres pileux à sandalettes en tant que pourvoyeur d’hallucinations. Meurtrier parfois, il a aussi fait rude violence à bien des intestins de ramasseurs imprudents. 
Dans les prés, le suave rosé émerge de l’herbage et l’ample coulemelle déploie avec majesté son ombrelle déguenillée. Le faux mousseron, doux marasme d’oréade, se répand en ronds de sorcière dans l’herbe rase et le coprin chevelu érige sa cloche claire.
Dans les bois, le clitocybe et la chanterelle d’automne créent des taches de couleur dans les feuilles mortes. Le cèpe, dodu et parfois imposant parfume les sentiers et la lumineuse girolle éclaire le sous-bois. La trompette de la mort s’organise en troupes sombres et le pied-de-mouton scintille doucement sous les feuillus. Ailleurs, lactaires et oronges brillent de tous leurs feux.
Et dans les assiettes, en sauce, sur une croûte ou farcis, ils sont le régal de qui sait les aimer.

On voit par là que la vie à la campagne n’est pas de tout repos…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire