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jeudi 20 août 2015

Le cabot de Fortunio (59)

-          Et si tu les retrouves, tu fais quoi ? me demande Raymond.
-          Je ne sais pas mais j’ai bien l’intention de ne pas laisser tomber. Mon problème, c’est pas le fric, mon problème, c’est ce qu’ils ont fait à Eliane. Et ça, tu vois, ça passe pas et ça passera pas comme ça !
-          Je comprends, mais ne fais pas de connerie. Cherche si tu veux mais ne t’attaque pas à ces gars-là. Tu vois bien qu’ils sont dangereux et sans scrupules…
-          Je sais, je sais. Mais si tu sais quoi que ce soit…
-          Tu vois bien, c’est ce que je fais. Bon, maintenant, je peux parler de mon enquête ?
-          Parce que c’est ton enquête ? Je suppose que tu veux parler de cette histoire de trafic de chiens ?
-          Mais oui car c’est toujours mon enquête. J’ai carte blanche pour fouiner mais au niveau hiérarchique, on m’a fait comprendre de faire en douceur. N’amener que du solide, du crédible quoi !
-          Ben oui mais on en n’a pas assez vu, là-bas ?
-          Pas assez pour déclencher une perquise dans les lieux. Et même si c’était le cas, ce seraient les collègues qui interviendraient, pas question d’aller leur marcher sur les pieds. Et si la perquise est faite en dépit du bon sens, ça risque d’être pire que si on n’avait rien fait. Donc, je me contente d’engranger, j’enquête, je mets l’un ou l’autre collègue à contribution et j’avance. Déjà un premier point : la bande à Sameli, c’est le style trafics en tous genres, alcools frelatés, drogue, bagnoles… Rien de bien terrible à première vue mais les bagnoles, c’est déjà pas mal pour amorcer le boulot. Sinon, les chiens, le trafic de chiens, c’est un truc sensible sur le département. Tu as peut-être entendu parler du procès d’Agen ?
-          Il y a bien une dizaine d’années, non ?
-          Oui, largement. Mais ce sont principalement les fournisseurs - si je puis dire - qui ont été jugés et condamnés. Ce qui est déjà pas mal, certes, mais il y a encore et toujours de la demande, ce qui donne des idées à certains. Ce que je veux dire, c’est qu’il y avait du beau monde - et en haut lieu - qui n’a guère été inquiété et tu comprends bien que c’est le genre de personnes qui ont de l’influence et qui feront tout pour mettre des bâtons dans les roues. Donc, j’y vais mollo, en douceur, mon chef me laisse les coudées franches pour le moment mais j’ai intérêt à lui ficeler un dossier en béton, le genre de truc où le proc ne peut pas se défiler. Voilà en gros… ce qui est sûr c’est qu’il y a trafic de chiens – certainement des chiens volés – et que la majorité des clébards finissent en laboratoire.
-          C’est répugnant et je me félicite d’avoir récupéré ma Flèche à temps…
-          Attends, un snotenberg comme elle aurait peut-être trouvé preneur, même non inscrite au livre des origines ça se vend bien à un bon gogo.
-          Encore pire alors, mon chien chez un gogo, non mais !
-          En effet. Enfin, voilà, je n’avais pas grand-chose à t’apprendre mais on continue à se tenir au jus, ok ?
Il paie l’addition et repart vers sa caserne. Je commande un autre café et je réfléchis. Je suis à la gare, je peux prendre mon billet pour Paris. Cela ne me plaît guère et je décide de partir en bagnole. Il y a sept heures de route mais cette fois je peux partir avec mon chien. Je ne vais pas tout le temps la laisser chez Méva, ils vont en avoir marre, lui comme elle. Et puis, je me sentirai plus libre, je pars quand je veux et je reviens quand ça me chante. C’est bien décidé et j’appelle Bonnefoi pour lui donner rendez-vous demain à neuf heures au Val de Grâce : le premier sur le parking appelle l’autre. Enfin, je suppose qu’il y a un parking là-bas.

*
(à suivre...)



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