Ainsi, on
vous crée, dans des décors d’opérette, des héros de carton-pâte dont le moindre froncement de sourcil
devient rébellion, le plus léger mouvement d’épaule devient résistance, la plus
subtile bouffée d’adrénaline devient bataille et conquête. Avec un léger fond
de vérité noyé dans une mer
d’insignifiance, ils émerveillent les crédules couillons auquel on fait avaler
ces bobards. Il ne manque pas d’officiels, qu’ils soient élus, grossiums ou hauts
fonctionnaires, pour entériner ces vérités qui les arrangent bien : quoi
de moins troublant que de minuscules héros dont les médiocres sagas embellissent de leur mythe une histoire
ripolinée et une geste embaumée. Et, les ânes se frottant aux ânes, les
imbéciles heureux et leurs élus se congratulent : ils sentent l’écurie
malpropre mais peu leur importe, ils se réchauffent à la flamme tiède de leur indigence morale. Car
ils peuvent aller loin ainsi dans la réécriture de l’histoire et leurs
possibilités sont immenses. « De l’incertitude profonde des desseins naît une
étonnante marge de manœuvre »
écrivait Jean Anouilh.
Partant de
nulle part, sans dessein certain, ils se retrouvent chacun derrière soi sans
savoir comment. Peu leur chaut que leurs histoires trébuchent et bégaient du
moment qu’ils les étalent et en tartinent la presse locale ; leurs
écomusées sont des parcs d’attraction et leurs lieux de mémoire des
ensevelissements pour touristes incultes.
On voit
par-là que ce n’est pas la peine de faire tant d’histoires, d’autres s’en
chargent.
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