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dimanche 13 décembre 2015

Chroniques de Serres et d’ailleurs. (13)

Bientôt la fin de l’année et après, comme il se doit, le début d’une année nouvelle avec son cortèges de vœux : bonne année, meilleurs vœux, et surtout, surtout…la santé. Ah, la santé, bien sûr, on ne saurait s’en passer surtout si elle est bonne. Et, s’il est une chose qui est au cœur des préoccupations du gouvernement, c’est bien la santé. Il y a même un ministère pour cela au même titre que pour l’agriculture, les finances ou les affaires étrangères. Elle doit néanmoins partager ce ministère avec les affaires sociales et les droits des femmes mais ce n’est pas le moindre de ces derniers que d’avoir le droit à une santé, bonne de préférence.
Toutefois, il n’y a pas que nos élus qui se préoccupent de notre santé car cette dernière n’est pas sans enjeux financiers. En effet, les mutuelles et autres organismes chargés du remboursement des soins médicaux sont particulièrement désireux de nous conserver en bonne santé. A cette nuance près qu’il n’est pas souhaitable, pour eux, que nous soyons en trop bonne santé car nous n’aurions plus besoin de leurs services. Donc, dans le souhait de nous garder en bonne santé mais sans plus, ces organismes font de l’information sous forme ludique dans leurs journaux. Je me suis particulièrement intéressé à un article sur l’usage des médicaments, présenté sous forme de questionnaire vrai/faux, pensant y trouver matière, non à améliorer ma santé, mais à aiguiser mon humeur primesautière.
Première affirmation : « Les français sont les champions de la consommation d’antidépresseurs et de somnifères ». La réponse est que cela est vrai. Voilà qui me donne du tonus, docteur. Deuxième affirmation : « On peut acheter tous les médicaments sur Internet ». La réponse est que cela est faux et, au tréfonds de moi-même, je me dis que le coup de pied au cul indispensable pour se sentir mieux ne s’achète pas encore par correspondance. Troisième affirmation : « on peut donner ses médicaments à un proche ». Là, je dis vrai, on peut les lui donner pour qu’il les flanque à la poubelle mais ce n’est pas la réponse du magazine car les réponses sont rédigées par un éminent professeur de pharmacologie dont on peut supposer qu’il a des intérêts composés dans la fabrication de médicaments. Je vous fais grâce de quelques autres affirmations, entre autres sur les antibiotiques pas zautomatiques, pour passer à celles dont je me régale le plus comme celle-ci : « Quand on voyage, on peut acheter des médicaments à l’étranger. » La bonne réponse est bien sûr vrai et faux car il vaut mieux se faire empoisonner français, les étrangers ne le font pas aussi bien que nous ne savons le faire. Autre affirmation qui vaut son pesant d’excipient : « Un médicament est déremboursé parce qu’il est inefficace. » Là, l’éminent professeur se surpasse et je vous donne sa réponse in extenso : «  Vrai. Sauf si cette situation résulte d’un choix de l’industriel : Viagra, Cialis… » Je me demande ce que comprenne les disciples de ce bon maître en pharmacologie : le médicament est-il déremboursé, ce qui voudrait dire qu’il fut remboursé en son temps, ou est-il inefficace ? Mystère et boules… de Viagra. Evidemment, je terminerai par la plus amusante de ces affirmations : « Lorsqu’un médicament est retiré précipitamment du fait de complications, cela signifie-t-il que la recherche a été insuffisante ? » La réponse est, bien sûr, que cela est faux car qui peut dire que la recherche est insuffisante, qui peut dire que les chercheurs qui cherchent ne sont pas compétents et qui peut dire qu’un médicament homologués par des savants sachant chercher, mis sur le marché par des marchands sachant ensacher et prescrit par des soignants sachant ordonner, qui donc peut dire que ce médicament doit être retiré précipitamment ? Il ne sera retiré qu’avec une rapidité calculée en fonction du nombre de morts ou d’intoxiqués constaté. Et s’il y a complications, cela n’est pas du fait du médicament mais du fait de malades manquant de bonne volonté.

On voit par-là que la santé est une affaire trop sérieuse pour la confier aux patients.

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