Bientôt la fin de l’année et après, comme il se doit, le début d’une
année nouvelle avec son cortèges de vœux : bonne année, meilleurs vœux, et
surtout, surtout…la santé. Ah, la santé, bien sûr, on ne saurait s’en passer
surtout si elle est bonne. Et, s’il est une chose qui est au cœur des
préoccupations du gouvernement, c’est bien la santé. Il y a même un ministère
pour cela au même titre que pour l’agriculture, les finances ou les affaires
étrangères. Elle doit néanmoins partager ce ministère avec les affaires
sociales et les droits des femmes mais ce n’est pas le moindre de ces derniers
que d’avoir le droit à une santé, bonne de préférence.
Toutefois, il n’y a pas que nos élus qui
se préoccupent de notre santé car cette dernière n’est pas sans enjeux
financiers. En effet, les mutuelles et autres organismes chargés du
remboursement des soins médicaux sont particulièrement désireux de nous
conserver en bonne santé. A cette nuance près qu’il n’est pas souhaitable, pour
eux, que nous soyons en trop bonne santé car nous n’aurions plus besoin de
leurs services. Donc, dans le souhait de nous garder en bonne santé mais sans
plus, ces organismes font de l’information sous forme ludique dans leurs
journaux. Je me suis particulièrement intéressé à un article sur l’usage des
médicaments, présenté sous forme de questionnaire vrai/faux, pensant y trouver
matière, non à améliorer ma santé, mais à aiguiser mon humeur primesautière.
Première affirmation : « Les
français sont les champions de la consommation d’antidépresseurs et de
somnifères ». La réponse est que cela est vrai. Voilà qui me donne du
tonus, docteur. Deuxième affirmation : « On peut acheter tous les
médicaments sur Internet ». La réponse est que cela est faux et, au tréfonds
de moi-même, je me dis que le coup de pied au cul indispensable pour se sentir
mieux ne s’achète pas encore par correspondance. Troisième affirmation :
« on peut donner ses médicaments à un proche ». Là, je dis vrai, on
peut les lui donner pour qu’il les flanque à la poubelle mais ce n’est pas la
réponse du magazine car les réponses sont rédigées par un éminent professeur de
pharmacologie dont on peut supposer qu’il a des intérêts composés dans la
fabrication de médicaments. Je vous fais grâce de quelques autres affirmations,
entre autres sur les antibiotiques pas zautomatiques, pour passer à celles dont
je me régale le plus comme celle-ci : « Quand on voyage, on peut
acheter des médicaments à l’étranger. » La bonne réponse est bien sûr vrai
et faux car il vaut mieux se faire empoisonner français, les étrangers ne le
font pas aussi bien que nous ne savons le faire. Autre affirmation qui vaut son
pesant d’excipient : « Un médicament est déremboursé parce qu’il est
inefficace. » Là, l’éminent professeur se surpasse et je vous donne sa
réponse in extenso : « Vrai. Sauf si cette situation résulte d’un
choix de l’industriel : Viagra, Cialis… » Je me demande ce que
comprenne les disciples de ce bon maître en pharmacologie : le médicament
est-il déremboursé, ce qui voudrait dire qu’il fut remboursé en son temps, ou
est-il inefficace ? Mystère et boules… de Viagra. Evidemment, je
terminerai par la plus amusante de ces affirmations : « Lorsqu’un
médicament est retiré précipitamment du fait de complications, cela
signifie-t-il que la recherche a été insuffisante ? » La réponse est,
bien sûr, que cela est faux car qui peut dire que la recherche est insuffisante,
qui peut dire que les chercheurs qui cherchent ne sont pas compétents et qui
peut dire qu’un médicament homologués par des savants sachant chercher, mis sur
le marché par des marchands sachant ensacher et prescrit par des soignants
sachant ordonner, qui donc peut dire que ce médicament doit être retiré
précipitamment ? Il ne sera retiré qu’avec une rapidité calculée en
fonction du nombre de morts ou d’intoxiqués constaté. Et s’il y a
complications, cela n’est pas du fait du médicament mais du fait de malades
manquant de bonne volonté.
On voit par-là que la santé est une
affaire trop sérieuse pour la confier aux patients.
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