Comme le chantait Georges Brassens : « Y’a pas
seulement à Paris/ Que le crime fleurit/ Nous au village aussi on a/ De beaux
assassinats ».
En effet, pourquoi faudrait-il toujours
que tout se passe à Paris et dans les grandes villes alors que l’on est capable
de tant de choses étonnantes dans la profondeur de la ruralité. Et, comme me le
disait un villageois l’autre jour : « On n’est pas plus bête que les
citadins et on arrive même sans difficulté à être aussi stupides qu’eux ».
Car à notre époque où l’on n’arrête pas le progrès, le véritable défi n’est
plus d’être le meilleur mais plutôt d’être le moins pire - si l’on peut parler ainsi - tout en cherchant à
n’être pas en reste. Les croquants ont les mêmes télévisions avec les mêmes
programmes que les urbains ainsi que des politiciens et des journaleux de la
même farine, les mêmes hyper ou super marchés, les mêmes fast-foods et les
mêmes magasins franchisés. Ils jouissent d’une fonction publique aussi prospère
qu’ailleurs. Que pourraient-ils vouloir de plus ? Toutefois, il est une
chose que les Parisiens n’auront pas, enfin les franciliens ou franco-insulaires
ferais-je mieux de dire, c’est la joie de donner un nouveau nom à leur région.
La réforme régionale bat son plein, des
élections ont eu lieu et les nouveaux conseils élus auront pour tâche première
de donner un nom à ces conglomérats quelquefois hétérogènes au goût de
certains. Mais donner un nom, cela n’est pas rien même si on admet qu’on ne
peut pas contenter tout le monde et son père. Et pour ce faire, il existe des
consultants, des agences spécialisées et même des chercheurs, le tout en ce qui
est appelé « marketing territorial ». Je ne citerai pas de définitions
du marketing territorial car je ne suis nullement chargé de donner la migraine
aux auditeurs. En résumé, il s’agirait d’une « boite à outils » comprenant
des outils méthodologiques, des techniques et bonnes pratiques afin de
permettre à un territoire de renforcer son attractivité. Il est à noter que
lorsque des bureaucrates parlent de boîte à outils, il ne s’agit nullement pour
eux de se mettre à un travail manuel. La boîte à outils est une boîte
imaginaire avec des outils conceptuels et virtuels. La seule chose franchement
matérielle dans toute cette affaire est le pognon qu’ils retireront de leurs
ingénieuses élucubrations.
Donc, il existe des marketeurs
territoriaux qui sont capables de proposer des noms pour nos futures régions.
Bien sûr, auparavant on aura fait des référendums ou des consultations mais le
propre des consultations de ce genre est de faire plaisir à ceux qui y
participent afin de mieux leur faire avaler le contraire de ce qu’ils
demandaient. On voit bien que bon nombre d’élus ont, en ce qui concerne les
noms des communautés de communes, une imagination débridée qui aboutit à de
surprenants amalgames permettant de créer de navrants acronymes. Désormais, ce
seront des professionnels qui se chargeront, moyennant finances, de faire
encore pire. L’argent est, parait-il, fait pour circuler. Mais pas n’importe
comment et pas dans n’importe quelles poches.
Le pire est donc à craindre mais cela sera
un pire estampillé, homologué et certifié. Nous aurons des noms de régions et
notre seule maigre consolation sera qu’il y aura moins de régions qu’avant et
donc moins de noms barbares à se coltiner que s’il y en avait eu plus.
Alors, pourquoi ne pas neutraliser
provisoirement ces barbarismes nouveaux en attribuant simplement des numéros à
nos régions comme on l’a fait pour nos départements ? On tirerait au sort
les numéros sans devoir attribuer le numéro treize puisque l’ile de France
gardera son nom.
On voit par-là qu’une île est toujours possible.
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