Tout cela est bel et bien mais ne m’avance guère. Je décide d’aller me
coucher quand je vois un gars entrer dans l’impasse et sonner au 18. Le black
se penche à la fenêtre :
-
C’est toi, Willy ? Qu’est-ce
tu veux encore ?
-
Oh, Bak, tu sais bien pourquoi je
viens…
-
Attends, je viens.
Le black descend ouvrir la porte et commence à parlementer avec de
grands gestes.
-
Tu m’fous l’camp, toi, casse toi,
tu viendras quand on t’appellera !
-
Mais, Bak, on m’avait promis…
-
On t’avait rien promis. C’est
Latik qui décide, tu viendras quand on te sonnera et terminé, conclut le black
en repoussant l’autre.
-
Bak, ça se finira mal si ça
continue…
-
Ta gueule !
Le nommé Willy arrive toutefois à taxer une clope au nommé Bak puis fait
demi-tour et repart. Mon intuition me pousse à descendre et suivre ce gars. Il
revient sur la nationale et rejoint la rue qui va vers mon hôtel. Il y a heureusement
quelques passants, je peux le suivre sans paraître incongru. Le gars monte vers
la station de RER et j’en fais autant. Je m’assieds sur un banc où traîne un
journal qui tombe à pic. Une rame arrive, direction Paris, le gars monte et moi
aussi. Il parle tout seul sans me remarquer. Je m’installe assez loin de lui,
toujours armé de mon journal.
Laplace, Gentilly, le gars descend à Denfert-Rochereau puis il prend le
métro, Place d’Italie et encore une correspondance jusqu’à Tolbiac. Il prend la
rue de Tolbiac puis il m’entraîne dans un tas de petites rues. J’essaye de
garder mes distances tout en gardant le contact et, après un tournant, je ne le
vois plus, comme s’il avait disparu dans une maison. Je m’avance et il sort
d’une porte cochère avec un cran d’arrêt pointé dans ma direction. Il n’y a
personne dans la rue, j’ai bien mon flingue à portée de main ou presque mais je
sens qu’il vaut mieux ne pas le sortir.
-
Toi, je t’ai repéré, ça fait un
bout de temps que tu m’suis… qu’est-ce tu cherches ? me dit-il à voix
basse.
-
Range ça, t’as rien à gagner à
jouer avec ça, dis-je peu rassuré.
Un couple arrive opportunément et nous regarde avec curiosité. Le gars
Willy plie son schlass et je lui mets la main gauche sur l’épaule, ce qui a un
petit effet lénifiant pour tous.
-
Viens, lui dis-je, on va discuter.
(à suivre...)
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