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dimanche 5 juin 2016

Chroniques de Serres et d’ailleurs. (37)



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. La première guerre mondiale dite Grande Guerre a eu lieu fort opportunément il y a une centaine d’années. Cela permet une orgie de commémorations, de célébrations et de cérémonies. Cent ans après, on ne se souvient plus guère du fait que les poilus des tranchées l’avaient mauvaise contre les planqués de l’arrière et que, pendant les combats, les affaires continuaient pour les industriels et les financiers. Un siècle plus tard, rien ne semble avoir changé. On dépense à qui mieux mieux pour toutes ces solennités et cet argent dépensé n’est pas perdu pour tout le monde. En 2016, on commémore la bataille de Verdun, gigantesque carnage où les Etats-Majors ont, de part et d’autre, balancé sans vergogne de la chair à canon. Inutile de citer des chiffres, il suffit de dire que des généraux et autres badernes ont joué à la guerre sans souci de leurs pertes. Car ces pertes, ce n’était que du matériel humain, bien moins précieux que fusils,  canons et limousines pour ces messieurs.
Ainsi donc en 2016, que commémore-t-on ? Le courage et l’abnégation de ces hommes dans leurs tranchées boueuses sous des orages d’acier ? Ah, ils étaient fiers droits dans leurs frocs : on tirait au cul de ceux qui ne montaient pas à l’assaut. Ah,  ils étaient courageux sous leurs casques : ceux qui se rebellaient étaient bons pour le peloton d’exécution. Ah, un bon soldat était un soldat mort ou estropié. Et pendant ce temps-là, les marchands d’armes préparaient déjà la guerre suivante… Et ce serait cela que l’on commémore, la victoire des puissants et des riches ? On peut le croire en effet et une polémique vient juste de le rappeler.
Donc, on commémore et cela permet de remplir son devoir sur la mémoire officielle, estampillée et confirmée. Cela permet aussi d’oublier que les riches et les puissants pillent et vandalisent la planète avec la bénédiction de nos élus et de nos administratifs. Et, pour faire bon poids et bonne mesure, après les célébrations officielles, les élus avaient prévu un concert pour attirer la clientèle des jeunes. Un certain monsieur M, prénommé Black, avait été pressenti. Je ne discuterai pas ses qualités artistiques, je ne suis pas compétent pour cela. Je ne discuterai pas plus sa valeur en tant qu’auteur des paroles de ses chansons, je n’ai que peu de connaissance de la musique râpée, cette musique se contentant bien souvent de paroles proches de la brève de comptoir. Toujours est-il que l’annonce d’un concert de ce monsieur en postlude aux célébrations a remué le petit monde bobo-gaucho-réactionnaire parisien. La droite accusant ce monsieur de paroles anti-françaises, ce qui n’est pas forcément faux, et la gauche accusant la droite de racisme et de censure nauséabonde, ce qui n’est pas absolument inexact. Alors, comment s’y retrouver dans cet imbroglio maintenant que le concert de ce monsieur a été annulé ? D’abord, constatons une chose : les uns comme les autres, par la polémique qu’ils ont suscitée, ont fait une publicité gratuite à ce monsieur M. Et par voie de conséquence ce monsieur M et ses thuribulaires crient à l’ostracisme et à la censure morale. Ce n’est plus de la publicité, cela en devient de la propagande. Il n’est aujourd’hui plus étonnant de voir un élu socialiste organiser un concert en faisant appel à quelqu’un qui gagne déjà largement sa vie de chanteur en vendant des disques à tour de bras alors que bon nombre de chanteurs de qualité rament pour trouver une audience. Mais il était nécessaire, selon cet élu, d’organiser un concert avec un artiste dont ils sont friands pour attirer les jeunes. Voilà le socialisme dans ses plus beaux atours, donnant de l’argent à ceux qui en ont déjà beaucoup et jouant la démagogie en direction des jeunes. Et en face, la droite a beau jeu de dénoncer un chanteur dont les paroles ont souvent dépassé certaines bornes. A droite, ils auraient peut-être préféré quelque chanteur américanomorphe tout aussi coûteux… on a les rebelles qu’on peut !
On voit par-là que, quand il y a trop à dire, seul le silence est signifiant

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