Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. « Eco, es-tu là ? » L’écologie
est une provende spirituelle pour la basse-cour politique de toutes espèces,
qu’ils soient élus ou seulement candidats. De nos jours, tout le monde se dit
prêt à protéger la planète, tout un chacun est plus écologiste que les autres
même si personne n’est d’accord sur le sujet. Déjà les chasseurs se déclarent
les premiers défenseurs de la nature, ensuite le premier syndicat agricole du
pays prétend laver plus blanc que blanc, les fabricants d’électroménager, de
bagnoles et autres babioles industrielles sont plus verts que les Verts. Les
socialistes recyclent à tout va, la preuve ils récupèrent une ancienne
candidate à la présidence pour en faire une ministre de l’écologie. La droite
fait du tri sélectif sans arriver à éliminer les ordures et les extrêmes se
douchent à l’eau claire. Si l’on en croit les programmes politiques, hier on
rasait gratis et demain on sauvera la planète. Jusqu’au moment où l’on dira que
ça commence à bien faire…
Evidemment, le mot écologie,
victime de son succès et d’un glissement sémantique, jouit aujourd’hui d’une
fâcheuse polysémie : d’étude des sujets vivants dans leur milieu et de
leurs interactions avec ce système, ce mot est devenu l’appellation de ceux qui
se disent les défenseurs de la nature, pour le meilleur et pour le pire. Il est
donc accommodé à toutes les sauces. Et que dire des néologismes que nous vaut
cette nouvelle idéologie ! On parle de « Grenelle de
l’environnement », de RT2012, de durabilité soutenable (et inversement
réciproquement). Les mieux nantis peuvent se donner bonne conscience en
achetant et en utilisant de l’écologie estampillée, subventionnée et
crédidimpotisée pendant que les moins favorisés sont montrés du doigt pour
leurs attitudes et habitudes néfastes pour la Gaïa maternelle dont ils rongent
le sein sans vergogne.
Ce qui est remarquable, c’est aussi le tourisme nouveau et vert que l’on
nous promet. C’est une explosion de termes ecoadmirables, à savoir qu’il existe
maintenant un Ecolabel Européen (avec un grand e) intégrant une dimension économique
et écocitoyenne. Nous voyons fleurir les écoauberges de jeunesse, les
écocampings, les écogîtes ainsi que les écolodges
ou écohôtels et d’autres établissements divers considérés comme
écotouristiques. Tout cela pour vous écosoulager l’écoportefeuille de votre
bonne monnaie écosonnante et écotrébuchante. Vous aurez choisi et réservé vos
vacances dans de somptueux catalogues et prospectus en écopapier glacé. Les
professionnels autant que les élus des chambres de commerce, d’industrie et
d’agriculture s’écogobergeront à votre santé en comptant la monnaie. Autant
dire que, quand ma voisine Paulette avait son camping à la ferme avec vue sur
le cimetière dans les années 70, elle faisait de l’écotourisme sans le savoir.
Mais il n’y a rien de mieux que des glands diplômés pour mettre de grands mots
sur des choses de tous les jours de telle sorte que l’on puisse vous vendre
très cher ce que vous auriez pu avoir gratuitement et avec un sourire spontané
et non commercial. Mais s’il n’y a plus d’écologie, d’écotourisme et autres
écofadaises, il restera toujours les éconneries de nos administratifs pondeurs
de normes et élus coupeurs de rubans. Il faut bien que ceux-ci justifient la
laine qu’ils vous bouffent sur le dos.
On voit par-là que le salut de la planète passera par le portefeuille
des riches.
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