Je me déshabillai et me
couchai. Le lit était confortable et le sommeil me vint rapidement. Vers
minuit, je fus réveillé par des plaintes, ou des gémissements qui me semblèrent
venir du rez-de-chaussée. N’osant pas allumer ma lampe de poche, je regardai à
la fenêtre. Je vis une voiture devant la maison, sans doute une vieille Renault
5. Cette voiture n’était pas là quand nous étions arrivés avec René. Cela me
parut bizarre : soit la maison avait des occupants inconnus de son
propriétaire, soit René me montait un bateau dont je le sais capable… Pour en
savoir un peu plus, je me rhabillai puis entrouvris la porte de la chambre.
Venant d’une des chambres du rez-de-chaussée, j’entendis un râle que j’identifiai
comme étant de plaisir car il était suivi d’un « oui, oui, mon chéri » qui ne
laissa subsister aucun doute. Et, concluant que toute intervention de ma part
risquait d’être considérée comme déplacée, je revins dans ma chambre et me
déshabillai une autre fois. Je me recouchai, assez ému tout de même à l’idée du
plaisir que se donnaient mes colocataires. Cette émotion fut de courte durée.
J’entendis un bruit de moteur dans la cour devant la maison. Le lieu devenait décidemment
très fréquenté pour une maison abandonnée. Je me relevai et m’avançai vers la
fenêtre, tout en faisant attention à ne pas laisser ma silhouette se découper
dans l’encadrement. Un gros 4X4 sombre s’arrêta et un homme en descendit, laissant
le moteur tourner et la portière ouverte. Il tenait une lampe torche et se
précipita vers la porte d’entrée de la maison. Je ne pouvais plus le voir, mais
j’entendis qu’il se mettait à visiter bruyamment les pièces au rez-de-chaussée.
Je commençais à me rhabiller lorsque j’entendis des éclats de voix : « Sylvie,
sors de là, à la maison, salope ! », puis une sorte de cavalcade. Je me remis à
la fenêtre et pus apercevoir le conducteur du 4X4 traînant vivement une femme,
qui, malgré l’obscurité, me sembla complètement nue. Il la poussa à la place du
passager. « Reste-là, tes vêtements vont arriver » cria le chauffeur. Il
repartit vers la maison, j’entendis un bruit de dispute suivi de deux coups
secs et un bruit de chute. Je l’entendis ressortir et le vis avec un paquet de
vêtements qu’il jeta du côté passager en criant : « rhabille-toi, pétasse ! ».
Il remonta à la place du chauffeur, embraya brutalement et fit un demi-tour qui
remua tout le gravier de la cour. Ayant vu partir le 4X4, je finis de me
rhabiller. Ce que j’avais vu me laissait soupçonner qu’il restait un protagoniste
de cette scène dans la maison et je souhaitais tout de même avoir quelques
éclaircissements sur ce qui s’était passé.
Cette fois, j’allumai ma
lampe de poche et descendis l’escalier. La porte d’une des deux chambres était
ouverte, une lumière allumée, et un mec complètement à poil était allongé par
terre, le visage en sang. Mais il était conscient, suffisamment pour murmurer :
« le con, le con, le con… ». Il me regarda sans surprise apparente, comme si ma
présence allait de soi. Il me sembla qu’il n’avait pas d’hémorragie et je
remontai à ma chambre pour prendre une bouteille d’eau que j’avais portée. Je
revins vers mon blessé et je le tirai pour l’appuyer contre un mur.
— Je vais essayer de vous
nettoyer le visage, laissez-moi faire, lui dis-je.
— Mais qui êtes-vous ?,
dit-il en articulant péniblement.
— Votre ange gardien
peut-être, ou un simple passant…
— Ce con m’a pété la
mâchoire et éclaté le pif !
— Attendez, ne parlez pas
et laissez-moi vous nettoyer un peu. Vous voulez que j’essaye de trouver un
médecin ?
(à suivre...)
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