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jeudi 16 juin 2016

René-la-Science (2)



Et c’est ainsi que je me précipitai tête baissée dans une étrange histoire. Mon ami René, vous avez compris que je le surnomme René la Science, est un homme affable et à femmes, bien qu’il n’en laisse connaître qu’une seule à la fois à ses côtés. Il apprécie les bonnes conversations, les bonnes boissons et la bonne nourriture. Il apprécie aussi mon puritanisme libertin qui met en balance son libertinage puritain. S’il lui arrive de me traiter de jésuite, ce que je ne suis nullement, je le traite en retour de franc-mac, ce qu’il n’est pas non plus. Nos conversations prennent souvent des allures de polémiques, attisées par des boissons idoines, et se terminent toujours en rendant grâce à la bonne chère, au bon vin et à notre bonne intelligence. Il en fut ainsi ce samedi-là. René me présenta sa nouvelle compagne, un couple de leurs amis était invité pour le repas qui fut de qualité, arrosé comme il se doit et accompagné de nos fumeuses élucubrations. En fin de soirée, après le départ du couple d’amis René me fit savoir que, dans la mesure où ils venaient d’emménager dans la maison, il leur était impossible de m’y faire coucher, mais que je pouvais dormir dans une maison inoccupée qui se trouvait à un bon kilomètre du Blédard. Le propriétaire lui avait donné l’autorisation de m’y faire dormir et un lit y était prévu pour moi. Pour ma toilette, je viendrais chez mes amis, mais je pourrais donc passer la nuit dans cette ferme.
Nous partîmes à pied, René et moi, munis chacun d’une bonne lampe de poche. Nous prîmes la route qui traversait Le Blédard dans la direction opposée à Clézeau, puis après sept ou huit cent mètres, un chemin qui partait sur la droite entre deux champs et traversait ensuite un bois de chênes. La maison était dans une vaste clairière, entourée de dépendances et de hangars. La nuit était assez claire pour voir que l’ensemble était vétuste et servait au stockage de machines agricoles. La maison semblait inhabitée depuis longtemps. Nous entrâmes par la porte d’entrée qui n’était pas verrouillée et René me fit rapidement voir les lieux qui, contrairement à ce que j’avais cru, étaient dans un état de propreté correct. La cuisine était sommairement équipée et les deux chambres du rez-de-chaussée uniquement meublées d’un lit et d’une chaise paillée. René me fit monter à l’étage. Quatre portes donnaient sur le palier : la première ouvrait sur l’escalier montant au grenier, les trois autres sur des chambres meublées aussi succinctement que les précédentes.
— Je t’ai préparé un lit dans la chambre qui donne sur le devant de la maison, c’est la plus agréable, me dit René. Tu n’auras pas peur au moins ?
— Pas de problème, tu sais que les maisons isolées et sans clés aux serrures, cela me connaît…
— Bien, alors je te laisse, bonne nuit mon cher Fortunio et petit déjeuner demain matin chez moi mais pas avant huit heures s’il te plaît, c’est dimanche quand même.
— Mon cher La Science, je sais respecter l’intimité des jeunes mariés. Bonne nuit à toi et ne te perds pas sur le chemin du retour.
— Bonne nuit.
Il était 23 heures trente. René repartit pour Le Blédard.
(à suivre...)

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