Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. L’internet est un excellent outil
d’information, d’apprentissage et de recherche. Et l’on pourrait espérer qu’il
continue à l’être.
Mais
c’est aussi une formidable caisse de résonance pour la sottise sous toutes ses
formes, depuis les sites ou les billets mal rédigés, mal orthographiés et pour
tout dire incompris de celui ou celle qui les émet, jusqu’aux élucubrations les
plus folles ou les plus répugnantes. Des plus jeunes aux plus âgés, tous s’y mettent,
brandissant des smartphones sur lesquels ils ont reçu des courriels ou
des fichiers décrivant les supposées turpitudes de l’actuel gouvernement ou du
gouvernement précédent, bientôt celles du futur gouvernement sans oublier les
ignominies potentielles des ultra méditerranéens. Asinus asinum fricat,
un âne se frottant toujours à un autre âne, ces gens s’envoient, se
transfèrent, se like mutuellement des âneries où le vrai se mêle au faux
ainsi que la propagande d’un autre âge savait si bien le faire. Inutile de
citer ses sources, pourquoi faire dans la dentelle du moment qu’on entretient
la fièvre obsidionale dans une population déjà préparée au décervelage par la
télévision. Population qu’on pourrait croire évoluée et quelque peu instruite
des dérives de la rumeur, des on-dit et de la publicité mensongère. Que nenni,
c’est écrit en lettres capitales, en couleur et avec force points
d’exclamation. Il y a des images, des photos, des dessins. Nul ne sait qui
envoie ces calembredaines mais nous arrivons bien à savoir quels sont les sots
qui en seront les récipiendaires. Et à propos de récipients d’air, leurs
cerveaux pourraient bien en être…
Quand
l’on pense à toutes les choses utiles, intelligentes, récréatives ou belles
dont nous pouvons faire notre miel sur le net et que l’on voit toutes les
sordides fadaises qui polluent la toile,
ne désespérons pas car les plus belles fleurs peuvent pousser sur le
fumier.
Notre
pays est aujourd’hui divisé. D’une part les petits poulets qui avalent la
bouillie de l’internet, petits poulets de gauche, de droite, de nulle part et
de n’importe où, ils caquètent et grattent dans le fumier sans jamais voir
l’air pur et azuré ; il y a des instituts pour sonder leurs cœurs, leurs
reins et leurs cloaques. Et d’autre part, voyez les oiseaux sauvages qui, loin
des fientes et de la boue, libres et fiers, savent chercher leur
nourriture : « Regardez les passer, eux/Ce sont les sauvages/Ils
vont où leur désir/Le veut par dessus monts/Et bois, et mers, et vents/Et loin
des esclavages/L'air qu'ils boivent/Ferait éclater vos poumons » (Jean
Richepin).
On
voit par-là que l’intelligence peut se nourrir de tout, même de la sottise,
mais la réciproque n’est pas vraie.
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