Le bois de Montieu est un
endroit charmant, au pied d’une colline qu’il escalade vers le château du même
nom. Il y a des chênes, des chênes verts, des buissons de toutes sortes, des
clairières et des roches erratiques. Le tout dominé par le joli petit château
datant des XIIIème et XVIIème siècles. D’après ce que me dit Michel, le site était
déjà un site celte puis gallo-romain. Lorsqu’on arrive, on comprend mieux les
craintes du propriétaire du château : les Hupart père et fils ont mis en
chantier une bergerie et un logement connexe, mais les travaux étant plus ou
moins au point mort depuis la mort du Gaby, l’ensemble tient plus du bidonville
que du lotissement résidentiel. Et le bois est fermé par une solide clôture
ornée de panneaux interdisant l’entrée et le passage. Il avait du bosser le
Gaby pour entourer ses quinze hectares d’une clôture de près de deux mètres de
haut. En arrivant, Michel descendit de sa voiture et ouvrit une grille fermée
d’un gros cadenas, il remonta dans la voiture, avança et redescendit pour
refermer et remettre le cadenas.
— La confiance règne dans
le coin, dis-je.
— Justement non, je ferme
et de toute façon, il y a les brebis, je ne vais pas les laisser échapper.
— Oui, mais une brebis
n’a jamais ouvert un cadenas, que je sache…50
— Prudence, méfiance et
discrétion sont les trois mamelles du bois de Montieu, retiens cela, me
répondit Michel en redémarrant.
Un chemin serpentait dans
le bois, divaguant apparemment d’une clairière à l’autre, nous croisâmes une douzaine
de brebis suivies de quelques agneaux, puis Michel s’arrêta devant un pailler
appuyé contre le coteau.
— C’est sous la paille,
me dit-il.
— On ne va tout de même
pas déplacer tout ce tas de paille, dis-je.
— Pas de problème, tout
est organisé, tu vas voir, il suffit de déplacer quelques bottes.
Nous descendîmes de
voiture et il écarta quelques bottes de paille, dégageant en effet l’entrée
d’un tunnel. Il y avait des étançons un peu partout et on n’y voyait rien, mais
Michel avait une torche et il éclaira l’intérieur. Il entra et je le suivis. Il
fallait se tenir courbé et éviter les planches et les étrésillons qui
traversaient en tous sens. L’ensemble de l’étayage avait souffert du temps et
il était évident qu’un renforcement serait nécessaire, ainsi qu’une organisation
qui permettrait un passage plus aisé. Après plus de trente mètres, nous tombons
sur un éboulis mélangé de terre et de grosses pierres.
— Si je comprends bien,
les travaux se sont arrêtés là. Il en reste encore beaucoup, à ton avis ?
Demandé-je.
— Impossible à savoir,
j’ai essayé de savoir en travaillant au pendule au-dessus, sur la colline, mais
je n’ai rien de précis. D’après moi, il y en a encore au moins autant à creuser,
répondit Michel.
— Alors là, c’est sans
moi, lui dis-je sans ménagement. Je ne suis pas une taupe.
— D’accord avec toi, je
voulais te faire voir, que tu saches. Mais j’ai une autre idée et c’est là que
tu interviens.
(à suivre...)
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