Auditrices et auditeurs qui
m’écoutez, bonjour. Le gouvernement français, dans sa grande sagesse, envisage de supprimer
les limitations de vitesse sur nos routes, qu’elles soient nationales,
départementales, vicinales ou autres. Voilà qui peut paraitre surprenant au
premier abord. Mais nos têtes pensantes, autant élues qu’administratives, ne
peuvent être réellement comprises qu’au deuxième rabord. En effet, si
l’électeur moyen était capable de comprendre le langage politico-administratif
d’emblée, cela se saurait et risquerait de faire grimper le nombre des
abstentionnistes.
Pourquoi
donc le gouvernement envisage-t-il de supprimer les limitations de vitesse
après tant d’années de débauche de panneaux, de bandes rugueuses ou sonores, de
radars et de jumelles ? Tout simplement parce qu’il n’y aura bientôt plus
moyen de dépasser les cinquante kilomètres par heure sur nos belles routes de
France. Et pourquoi n’y aurait-il plus moyen de dépasser cette vitesse ?
Tout simplement parce qu’avec la mise à la retraite de moult babyboomers des années d’après-guerre,
le nombre de camping-cars augmente de
manière significative sur nos voies de circulation. Nombre de ces retraités se
ruent dans les salons spécialisés, sur les petites annonces et chez les
marchands idoines. Ils en ressortent avec des engins de plus en plus longs, de
plus en plus larges, de plus en plus haut. Quelquefois sur les routes, vous
pensez être derrière un transporteur motorisé : que nenni, c’est un
retraité de la Fonction Publique équipé comme un escargot avec sa maison sur le
dos. Car pour eux, l’aventure c’est de partir avec tout le confort, la télé, la
Wi-Fi, les toilettes autonettoyantes, le sel fin, le gros sel, le poivre en
grains et le poivre moulu, les coussins chauffants, les vélos à assistance
électrique accrochés à l’arrière, le quad en remorque et bientôt un
distributeur automatique de billets sous le capot. Tout cela pour bouffer les
mêmes pizzas surgelées « comme à la maison ». Ah ! Quand le goût
de l’aventure vous tient !
Donc,
ces retraités, ces préretraités, ces vacanciers et autres porteurs de permis
roses se jettent sur les routes par tous temps, les vacanciers plutôt en été et
les autres toute l’année. Généralement habitués à leur petite voiture, ils se
voient encore plus gros et plus longs qu’en réalité et par conséquent arrivent
à occuper quatre-vingt-dix pour cent d’une départementale et soixante-dix d’une
nationale. Quant aux petites routes, ils en occupent toute la largeur, ils y
roulent à la vitesse d’une moissonneuse en panne et il est illusoire d’espérer
croiser ces supertankers conduits par des marins d’eau douce, d’autant plus
que, comme bon nombre de bovidés, ils aiment à se déplacer en troupeaux. Tant
qu’à disgracier le paysage, autant s’y mettre à plusieurs, ils convoquent bœufs-frères
et bêles-sœurs, cousins et voisins. On se déplace avec le pastis, les
cacahuètes, les tongs, les shorts et les kleenex, les parasols et les tables de
jardin.
Revenons
donc à nos camping-caristes, ils
seront donc bientôt assez nombreux pour ralentir la circulation sur toutes nos
routes et, s’il en manque, on peut compter sur ces germains qui font
quelquefois dans le camping-panzer-car
et sur quelques bataves pour essaimer avec de généreuses caravanes dans
lesquelles ils transportent des vivres pour six mois, du papier toilette, du
ciment, des parpaings et des poutres afin de restaurer quelque ferme cévenole
achetée pour une poignée de florins. On peut compter sur ces hordes motorisées,
elles assureront la sécurité routière.
On voit
par-là que si un quatre-quarts, c’est du gâteau, un camping-car, c’est pas de la tarte.
Ce que je peux dire, c'est qu'il faut avoir les moyens pour ce payer tout cela...
RépondreSupprimeret tous les retraités, ne roulent pas.... sur l'or !
En effet, je suis bien d'accord !
RépondreSupprimer