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dimanche 18 décembre 2016

Chroniques de Serres et d'ailleurs II 14



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Le gouvernement français, dans sa grande sagesse, envisage de supprimer les limitations de vitesse sur nos routes, qu’elles soient nationales, départementales, vicinales ou autres. Voilà qui peut paraitre surprenant au premier abord. Mais nos têtes pensantes, autant élues qu’administratives, ne peuvent être réellement comprises qu’au deuxième rabord. En effet, si l’électeur moyen était capable de comprendre le langage politico-administratif d’emblée, cela se saurait et risquerait de faire grimper le nombre des abstentionnistes.
Pourquoi donc le gouvernement envisage-t-il de supprimer les limitations de vitesse après tant d’années de débauche de panneaux, de bandes rugueuses ou sonores, de radars et de jumelles ? Tout simplement parce qu’il n’y aura bientôt plus moyen de dépasser les cinquante kilomètres par heure sur nos belles routes de France. Et pourquoi n’y aurait-il plus moyen de dépasser cette vitesse ? Tout simplement parce qu’avec la mise à la retraite de moult babyboomers des années d’après-guerre, le nombre de camping-cars augmente de manière significative sur nos voies de circulation. Nombre de ces retraités se ruent dans les salons spécialisés, sur les petites annonces et chez les marchands idoines. Ils en ressortent avec des engins de plus en plus longs, de plus en plus larges, de plus en plus haut. Quelquefois sur les routes, vous pensez être derrière un transporteur motorisé : que nenni, c’est un retraité de la Fonction Publique équipé comme un escargot avec sa maison sur le dos. Car pour eux, l’aventure c’est de partir avec tout le confort, la télé, la Wi-Fi, les toilettes autonettoyantes, le sel fin, le gros sel, le poivre en grains et le poivre moulu, les coussins chauffants, les vélos à assistance électrique accrochés à l’arrière, le quad en remorque et bientôt un distributeur automatique de billets sous le capot. Tout cela pour bouffer les mêmes pizzas surgelées « comme à la maison ». Ah ! Quand le goût de l’aventure vous tient !
Donc, ces retraités, ces préretraités, ces vacanciers et autres porteurs de permis roses se jettent sur les routes par tous temps, les vacanciers plutôt en été et les autres toute l’année. Généralement habitués à leur petite voiture, ils se voient encore plus gros et plus longs qu’en réalité et par conséquent arrivent à occuper quatre-vingt-dix pour cent d’une départementale et soixante-dix d’une nationale. Quant aux petites routes, ils en occupent toute la largeur, ils y roulent à la vitesse d’une moissonneuse en panne et il est illusoire d’espérer croiser ces supertankers conduits par des marins d’eau douce, d’autant plus que, comme bon nombre de bovidés, ils aiment à se déplacer en troupeaux. Tant qu’à disgracier le paysage, autant s’y mettre à plusieurs, ils convoquent bœufs-frères et bêles-sœurs, cousins et voisins. On se déplace avec le pastis, les cacahuètes, les tongs, les shorts et les kleenex, les parasols et les tables de jardin.
Revenons donc à nos camping-caristes, ils seront donc bientôt assez nombreux pour ralentir la circulation sur toutes nos routes et, s’il en manque, on peut compter sur ces germains qui font quelquefois dans le camping-panzer-car et sur quelques bataves pour essaimer avec de généreuses caravanes dans lesquelles ils transportent des vivres pour six mois, du papier toilette, du ciment, des parpaings et des poutres afin de restaurer quelque ferme cévenole achetée pour une poignée de florins. On peut compter sur ces hordes motorisées, elles assureront la sécurité routière.
On voit par-là que si un quatre-quarts, c’est du gâteau, un camping-car, c’est pas de la tarte.

2 commentaires:

  1. Ce que je peux dire, c'est qu'il faut avoir les moyens pour ce payer tout cela...
    et tous les retraités, ne roulent pas.... sur l'or !

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