Derrière la porte, le
meuble, un gros buffet d’office, s’était complètement effondré, répandant des casseroles
et de la vaisselle au sol d’une petite pièce sombre. Je n’arrivai pas à pousser
suffisamment la porte pour passer et je poussai d’un nouveau coup de pal fer.
La porte se disloqua elle aussi et, dans la lueur de ma lampe, je vis des termites
qui grouillaient dans le bois. Ce qui expliquait que le meuble et la porte se
fussent ainsi effondrés. J’arrivai enfin à pénétrer dans la pièce, une sorte de
réduit dans lequel on accédait depuis le haut en descendant quatre marches.
Nous montâmes ces marches et je poussai une porte, elle n’était pas fermée à
clé. Nous entrâmes dans une cave voûtée, encombrée de fûts, de bouteilles vides
et d’outils de toutes sortes.
— On doit être dans les
caves du château de Montieu-Sciérac, dis-je doucement à Michel.
— Si le Monsieur savait
cela, il piquerait une crise, me répondit Michel.
— J’espère qu’il n’a rien
entendu. Il habite ici ?
— En principe, oui, mais
il est souvent à Toulouse.
— Espérons que nous
arriverons à nous barrer d’ici sans éveiller son attention, refermons bien les
portes derrière nous et tapons nos godasses avant de sortir de cette cave, pas
la peine de faire des jeux de piste dans les couloirs du château dis-je. Je
retournai à la porte du réduit, je la fermai à clé et je planquai la clé sous
un tonneau, ainsi on ne pourrait pas voir de sitôt les dégâts. Je revins vers
Michel qui était resté planté, pleurnichard et reniflant, près d’un cuvier.
— Allez, on se barre
d’ici, il est neuf heures passées, inutile de s’attarder, il y en a qui doivent
se demander où nous sommes.
Nous montâmes un escalier
qui aboutissait dans une vaste cuisine, je tapai mes chaussures et dis à Michel
de faire de même. Il y a deux grandes fenêtres dans la cuisine, j’en ouvris une
et je vis que par chance, on était à peine à deux mètres au dessus du sol
extérieur.
— Saute par là, dis-je à
Michel.
— C’est haut, gémit mon
pisseux associé.
— En bas, c’est de
l’herbe, et ça fait à peine deux mètres, c’est sans danger. N’oublie pas qu’on
a du bol, on a failli être enterrés vivants.
— C’est de ma faute,
pleurnicha Michel.
— Saute, connaud, et
arrête ta connerie.
Michel enjamba l’appui, il s’assit sur le bord
extérieur et se laissa tomber comme un paquet. J’entendis un gémissement. Je
montai moi aussi sur l’appui, je tirai à moi la fenêtre et je sautai. Mon
Michel était par terre en position foetale et se plaignait.
— J’ai mal, je me suis
cassé une cheville.
— Et à moi tu me casses
les couilles. Debout, andouille, on se casse.
— Je peux pas marcher.
(à suivre...)
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