— On y est, dit Michel, y
s’était pas trompé, mon vieux.
— Et c’est quoi ces
caisses en bois ? Dis-je.
Michel posa son sac à
outils sur une des cantines et fouilla dedans. Il en sortit un pistolet énorme,
j’étais sidéré.
— C’est ici que notre
collaboration s’arrête, Fortunio. Tu lèves les bras en l’air, tu te retournes
et tu repars devant moi en sens inverse.
Ce type avait des yeux de
fou, révulsés et menaçants. J’aurais dû me méfier, c’était un dingue, n’importe
quoi pourrait arriver. Je ne savais même pas si le flingue était chargé et si
Michel savait s’en servir, mais en tout cas si le flingue était chargé, il
semblait être capable de la pire connerie, inutile de le contrarier. Je levai
les bras.
— Tu ne me tirerais pas
dessus tout de même ? Je demandai.
— Ne pose pas de
question, fais comme je t’ai dit, me cria-t-il comme un dément.
Là, il me fait une crise,
je dois surtout faire ce qu’il me dit, même si cela ne plaît pas du tout de
marcher avec ce taré qui pointe son arme dans mon dos, me dis-je. J’avançai
donc doucement et, toujours suivi par lui, j’arrivai à la salle.
— Direction la sortie,
avance, éructa Michel.
— J’y vais, j’y vais.
Et j’avançai dans le
tunnel en direction du trou que nous avions pratiqué. J’étais encore à une
dizaine de mètres du trou lorsque j’entendis rouler une pierre, puis une autre,
puis tout un morceau du tunnel s’effondra là où étions entrés. Il n’y avait
plus de sortie possible par là. Je m’arrêtai et j’attendis. Quelque secondes
passèrent, Michel ne dit rien. Je n’allais pas rester planté là. Je dis doucement
:
— Michel ?
J’entendis comme un bref
sanglot, je me retournai et dans la pénombre, je vis qu’il était tombé à
genoux, il pointait son arme sur sa tempe, il pleurait :
— C’est de ma faute, je
n’aurais pas du te faire ça, je ne suis bon qu’à me flinguer.
— Mais non, lui dis-je en
lui prenant l’arme, tu vas voir, tout va s’arranger, surtout ne craque pas
maintenant.
— Je suis trop nul,
flingue-moi, Fortunio, nul, nul, je suis nul, reprit-il en penchant la tête
jusqu’au sol comme s’il se prosternait devant moi.
— Arrête et relève-toi,
je garde le flingue, c’est plus sûr. Mais il faut avant tout trouver le moyen
de sortir de ce trou à rats. Passe-moi ta lampe. Tu en as une autre ?
— Je me suis pissé
dessus, répondit-il dans un sanglot.
— Ton vieux avait créé un
précédent, tu seras pardonné. Au moins tu t’es pas chié dessus ?
— Non, non,
sanglota-t-il.
(à suivre...)
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