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jeudi 15 décembre 2016

René-la-Science (28)



— On y est, dit Michel, y s’était pas trompé, mon vieux.
— Et c’est quoi ces caisses en bois ? Dis-je.
Michel posa son sac à outils sur une des cantines et fouilla dedans. Il en sortit un pistolet énorme, j’étais sidéré.
— C’est ici que notre collaboration s’arrête, Fortunio. Tu lèves les bras en l’air, tu te retournes et tu repars devant moi en sens inverse.
Ce type avait des yeux de fou, révulsés et menaçants. J’aurais dû me méfier, c’était un dingue, n’importe quoi pourrait arriver. Je ne savais même pas si le flingue était chargé et si Michel savait s’en servir, mais en tout cas si le flingue était chargé, il semblait être capable de la pire connerie, inutile de le contrarier. Je levai les bras.
— Tu ne me tirerais pas dessus tout de même ? Je demandai.
— Ne pose pas de question, fais comme je t’ai dit, me cria-t-il comme un dément.
Là, il me fait une crise, je dois surtout faire ce qu’il me dit, même si cela ne plaît pas du tout de marcher avec ce taré qui pointe son arme dans mon dos, me dis-je. J’avançai donc doucement et, toujours suivi par lui, j’arrivai à la salle.
— Direction la sortie, avance, éructa Michel.
— J’y vais, j’y vais.
Et j’avançai dans le tunnel en direction du trou que nous avions pratiqué. J’étais encore à une dizaine de mètres du trou lorsque j’entendis rouler une pierre, puis une autre, puis tout un morceau du tunnel s’effondra là où étions entrés. Il n’y avait plus de sortie possible par là. Je m’arrêtai et j’attendis. Quelque secondes passèrent, Michel ne dit rien. Je n’allais pas rester planté là. Je dis doucement :
— Michel ?
J’entendis comme un bref sanglot, je me retournai et dans la pénombre, je vis qu’il était tombé à genoux, il pointait son arme sur sa tempe, il pleurait :
— C’est de ma faute, je n’aurais pas du te faire ça, je ne suis bon qu’à me flinguer.
— Mais non, lui dis-je en lui prenant l’arme, tu vas voir, tout va s’arranger, surtout ne craque pas maintenant.
— Je suis trop nul, flingue-moi, Fortunio, nul, nul, je suis nul, reprit-il en penchant la tête jusqu’au sol comme s’il se prosternait devant moi.
— Arrête et relève-toi, je garde le flingue, c’est plus sûr. Mais il faut avant tout trouver le moyen de sortir de ce trou à rats. Passe-moi ta lampe. Tu en as une autre ?
— Je me suis pissé dessus, répondit-il dans un sanglot.
— Ton vieux avait créé un précédent, tu seras pardonné. Au moins tu t’es pas chié dessus ?
— Non, non, sanglota-t-il.
(à suivre...)

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