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jeudi 5 janvier 2017

René-la-Science (31)



Je l’attrapai par le col de sa veste et tentai de le faire lever, puis je le chopai sous le bras et lui dis :
— Si tu as une cheville foulée, tu as intérêt à marcher tant que c’est chaud, on verra après, il faut que nous sortions d’ici. J’espère qu’il n’a pas de chien ton Monseigneur…
— Je crois pas, dit-il en geignant, aide-moi, il faut passer le mur, je connais un endroit où il n’est pas très haut, par là-bas. J’ai mal…
Nous nous dirigeâmes vers un bosquet que nous contournâmes et derrière en effet, le mur était plus bas et il y avait même un petit escalier en pierres qui descendait vers le début de la colline. Nous continuâmes à avancer, je soutenais toujours Michel, tout en le traînant. Je fus soulagé de voir que nous arrivions hors de l’enceinte du château. Nous étions même peut-être sur les terres de la maison Hupart. Je ne posai pas la question au rejeton qui continuait de se plaindre. Nous arrivâmes à la clôture et je demandai à Michel :
— Est-ce qu’il y a une porte dans cette foutue clôture, ou est-ce qu’on va devoir faire tout le tour ?
— Il y a un endroit, plus bas, où on peut défaire le grillage un peu et passer, continue, je te dirai.
Il commençait à être temps que nous arrivions à un de nos véhicules car la lampe baissait sérieusement d’intensité. Nous clopinâmes tant bien que mal et finîmes par arriver à un endroit où Michel me dit qu’on pouvait passer. Comme j’avais lâché son bras, ce couillon-là s’affaissa et s’assit par terre. Je me débrouillai seul pour ouvrir le grillage et l’écarter un peu.
— Haut les cœurs, on n’est pas arrivés, Michel, suis moi, dis-je.
L’autre arriva à quatre pattes, il ne pouvait pas passer le grillage comme cela, il fallait encore l’aider à passer.
— Debout, j’ai dit, lève-toi tantifle, lui dis-je en l’attrapant de nouveau par le bras.
— Ah non, écoute, pas cela, pas tantifle, t’as pas le droit de m’insulter, si c’est comme ça je reste ici, j’préfère encore rester ici toute la nuit et attraper la crève, t’es pas juste avec moi.
— Allez, je retire ce que j’ai dit, je te présente mes excuses.
— Tu dis ça mais tu me méprises, tu me prends pour un con, je le sais…
— Ecoute, on va pas lancer un débat ici, je t’aime mon petit Pinocchio, lève-toi et marche, je ne peux plus me passer de toi, sans toi je ne suis plus rien. Et le pire c’est que c’est vrai, j’ai besoin de toi pour me dire comment redescendre et pour m’ouvrir le portail. « Tous les deux, enchaî-aînés à bord de la galère… ».
— Chante pas, j’ai envie de chialer et tu fais le clown, tu vois pas que je souffre !
(à suivre...)

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