Je l’attrapai par le col
de sa veste et tentai de le faire lever, puis je le chopai sous le bras et lui
dis :
— Si tu as une cheville
foulée, tu as intérêt à marcher tant que c’est chaud, on verra après, il faut
que nous sortions d’ici. J’espère qu’il n’a pas de chien ton Monseigneur…
— Je crois pas, dit-il en
geignant, aide-moi, il faut passer le mur, je connais un endroit où il n’est
pas très haut, par là-bas. J’ai mal…
Nous nous dirigeâmes vers
un bosquet que nous contournâmes et derrière en effet, le mur était plus bas et
il y avait même un petit escalier en pierres qui descendait vers le début de la
colline. Nous continuâmes à avancer, je soutenais toujours Michel, tout en le
traînant. Je fus soulagé de voir que nous arrivions hors de l’enceinte du château.
Nous étions même peut-être sur les terres de la maison Hupart. Je ne posai pas
la question au rejeton qui continuait de se plaindre. Nous arrivâmes à la
clôture et je demandai à Michel :
— Est-ce qu’il y a une
porte dans cette foutue clôture, ou est-ce qu’on va devoir faire tout le tour ?
— Il y a un endroit, plus
bas, où on peut défaire le grillage un peu et passer, continue, je te dirai.
Il commençait à être
temps que nous arrivions à un de nos véhicules car la lampe baissait
sérieusement d’intensité. Nous clopinâmes tant bien que mal et finîmes par
arriver à un endroit où Michel me dit qu’on pouvait passer. Comme j’avais lâché
son bras, ce couillon-là s’affaissa et s’assit par terre. Je me débrouillai
seul pour ouvrir le grillage et l’écarter un peu.
— Haut les cœurs, on
n’est pas arrivés, Michel, suis moi, dis-je.
L’autre arriva à quatre
pattes, il ne pouvait pas passer le grillage comme cela, il fallait encore
l’aider à passer.
— Debout, j’ai dit,
lève-toi tantifle, lui dis-je en l’attrapant de nouveau par le bras.
— Ah non, écoute, pas
cela, pas tantifle, t’as pas le droit de m’insulter, si c’est comme ça je reste
ici, j’préfère encore rester ici toute la nuit et attraper la crève, t’es pas juste
avec moi.
— Allez, je retire ce que
j’ai dit, je te présente mes excuses.
— Tu dis ça mais tu me
méprises, tu me prends pour un con, je le sais…
— Ecoute, on va pas
lancer un débat ici, je t’aime mon petit Pinocchio, lève-toi et marche, je ne
peux plus me passer de toi, sans toi je ne suis plus rien. Et le pire c’est que
c’est vrai, j’ai besoin de toi pour me dire comment redescendre et pour
m’ouvrir le portail. « Tous les deux, enchaî-aînés à bord de la galère… ».
— Chante pas, j’ai envie
de chialer et tu fais le clown, tu vois pas que je souffre !
(à suivre...)
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