René-la-Science (33)

— Je suis sec maintenant, on verra demain.

— Pas question mon pote, je lui réponds. Tu montes te laver, c’est moi qui te le dis.

Il n’est quand même pas trop épais, le gus, et sans crier gare, je le chopai sous les genoux et sous les bras et je le montai à l’étage.

— Allons, je vais te faire franchir le seuil de la salle de bains dans mes bras, c’est pas mignon ça ?

— Alors là bravo, me cria Magali en montant à son tour l’escalier. C’est du vite fait bien fait, j’arrive.

J’essayai de déposer mon paquet en douceur, mais il gémit de plus belle. Nous le déshabillâmes si promptement qu’il n’eut pas le temps de dire ouf, qu’il était déjà sous la douche et que Magali le savonnait sous toutes les coutures. Une fois sec, je le portai dans la chambre et je le posai sur le lit. Magali lui avait trouvé un pyjama.

— Je vais regarder sa cheville, dit Magali. Il faudrait aller me chercher l’huile qui est dans l’armoire à pharmacie, de l’huile de calendula.

J’allai la chercher et la lui portai.

— A mon avis, il n’y a rien de cassé, à peine une foulure. On va traiter cela.

Et apparemment elle s’y connaissait, Magali, elle massa la cheville et le pied, passant de l’huile, travaillant nerfs et muscles avec habileté.

— On dirait une spécialiste, dis-je admiratif.

— Je suis un peu kiné et un peu rebouteuse, me répondit-elle.

Je ne savais pas si c’était du lard ou du cochon, mais toujours est-il que le Michel se laissa faire sans rechigner. Après, elle le couvrit et prit des pilules dans la table de nuit.

— Vas me chercher un verre d’eau dans la salle de bains si tu veux, me demanda Magali.

J’obéis et je ramenai un verre d’eau. Elle fit avaler quelques cachets à Michel avec le verre d’eau. Il se recoucha et se tourna.

— On dirait qu’il a son compte, dis-je doucement. Je vais vous laisser.

— Tu as mangé ? Me demanda Magali.

— Non, justement, je vais essayer de trouver quelque chose en ville.

— Tu vas pas galoper en ville à l’heure qu’il est. Il y a tout ce qu’il faut ici. Attends deux minutes et je te prépare cela.

— C’est gentil, c’est vrai que je n’ai pas bien envie de partir à Villeneuve.

Nous arrivions en bas, Magali alla vers le poêle, le tisonna et remit une bûche.

— Il prend des médocs, Michel ? Beaucoup ? Je demandai à Magali.

(à suivre...)