Il souffrait peut-être
Toto, mais il passa le grillage que je me mis en devoir de bien refermer, il
n’aurait plus manqué que les moutons se barrent, je n’aurais pas un peu été dans
la merde… La descente fut longue, lente et pénible, Michel traîna la patte tant
qu’il put, il gémit, voulut s’asseoir tous les trois mètres, je ne pus pas le
lâcher un instant. Et le bouquet, c’est qu’il émanait de son froc un parfum
d’énurésie qui me montait généreusement aux narines. De ma main libre,
j’arrivai quand à même prendre mon téléphone portable et à appeler chez René et
Colette pour les rassurer et leur dire de ne pas m’attendre car j’avais un
empêchement. René aurait voulu bien sûr avoir plus de précision, mais il
n’insista pas en comprenant que je n’étais pas seul. Je lui promis que nous
nous verrions au plus tard demain en fin d’après-midi. Nous finîmes par arriver
à la R5. Je fis asseoir Michel et je me mis au volant. Nous descendîmes ainsi
jusqu’au portail.
— Sors de la voiture,
dis-je à Michel, et donne-moi la clé du portail. On va la laisser ici, je te
prends dans mon fourgon et je t’emmène chez toi. Je viendrai te chercher demain
matin.
— Tiens, prends la clé,
mais laisse-moi dans la bagnole, je peux aussi bien dormir dedans.
— Pas question, tu
attraperais la crève par-dessus le marché. Je te reconduis chez toi, tu as au
moins besoin d’une douche après ce qui t’est arrivé.
— Je reste dans la
bagnole, j’peux plus bouger, pleurnicha-t-il encore.
— Michel, je refuse de te
laisser ici, viens avec moi, lui dis-je en le prenant de nouveau sous le bras.
J’arrivai à le faire
sortir de la R5 et à le faire monter dans mon fourgon. Je fermai le portail et
nous voilà partis vers chez Michel. Evidemment, Magali fut surprise de nous
voir arriver. Non pas que l’heure tardive la troublât, elle en avait vu d’autres.
Mais de voir l’aspect pitoyable de Michel, pendu à mon bras, boitant et
gémissant.
— Qu’est-ce qui vous arrive
encore ? Dit-elle. T’es passé dans une lessiveuse ?
— Je souffre, Magali, te
moque pas, dit Michel.
— A propos de lessiveuse,
il a eu une grosse grosse frayeur et il a besoin d’une douche et de vêtements
frais.
— Ah c’est ça cette
odeur, dis-donc t’as eu une si grande trouille ?
— Te moque pas, Magali,
tu vois bien que je peux plus marcher.
— Tu peux m’aider,
monsieur Fortunio, on va le déshabiller et le mettre sous la douche, me demanda
Magali.
— Oui, madame Magali, je
te laisse pas tomber sur ce coup-là, on va le rincer cet homme.
J’emmenai donc mon
collègue Michel vers l’escalier, mais il refusa de lever une seule jambe.
— Je reste en bas, je
vais dormir sur le canapé, je peux plus bouger, miaula le bonhomme.
— Et tu comptes rester
dans ton jus toute la nuit sans doute ? Lui dis-je.
(à suivre...)
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