— Oui, c’est tout ce que
l’on peut dire actuellement, répondis-je.
— Je voulais vous parler
d’autre chose. Vous avez le temps ?
— Oui, je vous écoute.
— Vous travaillez avec ou
pour Michel en ce moment ?
— Je dirais que oui,
dis-je un peu sur la défensive.
— Je suis venue vous dire
de vous méfier. Pas de Michel, je ne peux rien dire à son sujet, mais vous avez
été introduit au château ?
— Que voulez-vous dire
par là ?
— Vous avez assisté à une
réunion chez monsieur de Montieu ? Avec les architectes, vous serez consulté
pour les travaux de maçonnerie ?
Je respirai un peu mieux,
il ne s’agissait pas de notre intrusion nocturne et clandestine, mais de ma
présence autorisée à cette réunion.
— Oui, l’architecte a
accepté de m’envoyer le dossier, je lui ai laissé mes coordonnées.
— Savez-vous que les
travaux au château, les travaux de maçonnerie, sont la chasse gardée de la plus
grosse entreprise de la région ? me demanda Sylvie.
— J’en ai entendu
vaguement parler, l’entreprise Vitteaux. Mais cela fait partie du jeu, c’est la
concurrence normale.
— Dis-toi bien qu’ici, la
concurrence normale, ça n’existe pas, me dit-elle en pointant son index. Je
vais t’expliquer, on peut s’asseoir ?
Je fus un peu surpris de
l’entendre me tutoyer. Comme nous étions toujours sur le palier, j’ouvris la
porte de la chambre et l’invitai à s’asseoir sur le lit. Je m’assis de l’autre
côté.
— La concurrence loyale,
c’est pour ailleurs, pas pour le Sciéraquois. Les gros chantiers de bâtiment et
travaux publics, c’est pour l’entreprise Vitteaux. Tout le monde sait cela ici.
Et Raymond Vitteaux, le patron, il est cul et chemise avec Roger Fauchet, mon
mari. C’est avec lui et sa femme que tu nous as vus au restaurant l’autre soir.
Ils n’ont pas vraiment fait attention à toi, mais depuis ce midi, le téléphone
arabe a fonctionné et Raymond, il pense à toi, maintenant.
— Tu ne vas pas me dire
que je lui fais peur tout de même ?
— Non, le chantier tu ne
l’auras pas, pour Raymond ce n’est pas un problème. Mais lui et Roger ne
veulent pas que tu mettes ton nez au château. Tu as intérêt à finir vite fait
et à aller voir plus loin. Je n’en sais pas beaucoup plus, mais j’ai entendu un
bout de conversation entre Raymond et Roger. Je crois qu’il y a autre chose qui
les préoccupe.
— Mais ton mari, il fait
quoi, lui ?
— Mon mari a une
entreprise d’espaces verts. Il travaille main dans la main avec Vitteaux. Pour
les appels d’offres publics, c’est toujours bouclé. La maçonnerie BTP, c’est
pour Vitteaux. Les aménagements extérieurs, c’est pour Fauchet. Et ce n’est pas
le petit chantier que tu as eu qui les préoccupe, mais le fait que tu accèdes
au château.
— Et qu’est-ce qu’ils
comptent faire ?
(à suivre...)
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